Le hall d'entrée de l'école est une relique d'un temps où les bâtiments servaient de sanctuaire où se rassemblaient quelques élémentalistes érudits et fortunés venus étudier leur élément et immortaliser leurs connaissances dans les rayonnages de l'imposante bibliothèque.
Nul autre professeur qu'eux même pour leur enseigner, mais une soif d'apprendre telle qu'ils surent s'en passer.
Le hall devait devenir un lieu convivial où se réunir, ils avaient décidé d'en faire le coeur de ces lieux.
Ils étaient peu nombreux mais suffisamment pour nécessiter que la voix porte lors des annonces officielles, aussi avait-on décider que le hall serait circulaire et construit de telle façon que chacun puisse y entendre distinctement tout discours où qu'il soit sans que l'orateur ait à élever la voix.
Conséquence évidente, on ne pouvait y discuter qu’à mi-voix sans qu'un entêtant brouhaha s'y propage, mais cela ajoutait à la sérénité de l'endroit.
Déjà à l'époque les six éléments étaient présents, et ils avaient voulu leur dédier cette salle.
Un espace de quatre mètre de rayon leur était réservé au centre de la pièce.
De part et d'autre de ce cercle partait deux grands escaliers qui suivaient sa courbe pour monter vers un promontoire donnant sur les balcons menant à l'étage.
Des bancs plus simples y avaient remplacé les banquettes moelleuses d'origine, mais l'on faisait toujours les annonces officielles de ce promontoire d'où l'acoustique était idéale.
Un bassin de trois mètres de diamètre au milieu du cercle symbolisait l'eau.
Le bassin eut été rond sans l'imposant rocher rompant sa berge qui se dressait sous le promontoire et d'où jaillissait une source alimentant le bassin; il symbolisait la terre.
Au centre du bassin émergeait un monticule de terre sur lequel reposait un brasero dont on alimentait toujours la flamme; il symbolisait le feu.
Autour du bassin s'épanouissaient diverses plantes vertes et plusieurs palmiers s'étirant vers la verrière du plafond; ils symbolisaient les plantes.
La verrière avait été construite artistiquement en forme de dôme pour ressembler à un énorme glaçon taillé comme ceux qui flottaient dans leur whisky; elle symbolisait la glace.
Quatre spots étaient disposés dans le bassin, et la nuit ils diffusaient dans la salle une douce lumière aquatique à laquelle s'ajoutait parfois l'éclat rougeâtre du brasero; ils symbolisaient la foudre.
Dès qu'un léger courant d'air se faisait sentir, il ne manquait pas d'agiter le petit carillon qui pendait du promontoire.
Il paraissait bien simple et son chant cristallin se faisait très discret, mais il emplissait la salle sans s'imposer; c'était le symbole de l'air.
Et c'est ce son qui sortit Kichi de sa contemplation.
Au sommet d'un palmier, à l'ombre de sa cape, il observait étendu les jeux de lumière sur les facettes irrégulières du dôme.
Tournant la tête vers la porte d'entrée, il vit la jeune fille fouiller les lieux du regard.
Sans doute espérait-elle pouvoir rentrer en classe sans se faire remarquer malgré son retard...
"Encore une retardataire."
Rebon dormait sur son ventre, il le réveilla en le prenant dans la main, ses pattes arrières reposant dans sa paume et ses doigts enserrant ses pattes avant.
Serrant le chaton contre lui sous sa cape, il bascula la tête la première avant de se retourner pour atterrir sur ses pieds nus sans un bruit devant la nouvelle venue.
*Ça fait haut quand même.*
Ses mollets le tiraient d'avoir compensé sa chute, et il resta quelques instants accroupis, la griffe au sol.
Entre temps la fille s'était retournée pour interpeller quelqu'un.
Levant la tête vers elle en se redressant un peu, il constata, non sans surprise, qu'il pouvait encore voir par dessus son épaule... voir qu'il n'y avait qu'une porte fermée en face d'elle.
Posant les genoux à terre pour reposer ses mollets, il se redressa complètement, le regard à hauteur du sien.
Fixant son interlocutrice de son oeil valide, il pris un ton froid et formel.
"Jeune fille, les cours ont commencé depuis longtemps. Quel est ton nom et de quelle classe es-tu ?"
Rebon écarta un pan de la cape de Kichi pour jeter un oeil à la scène.