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| ..:: Au pied du vieux chêne ::.. [libre] | |
| | Auteur | Message |
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Ayshan
Nombre de messages : 108 Age : 36 Age Virtuel : 18 Date d'inscription : 05/01/2007
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| Sujet: ..:: Au pied du vieux chêne ::.. [libre] Mer 20 Juin - 21:15 | |
| Le pied de la jeune fille heurta rageusement un morceau de roche ocre sombre qui alla s'écraser contre un mur délabré en contre-bas. Son pas était plus sacadé que d'habitude, mais son allure était la même. Elle marchait tête baissée mais bien décidée, semblant savoir exactement ou elle se rendait. Le vent s'était levé, sifflant entre les vieilles pierres usées par le temps, donnant un aspect envoutant au lieu.
*Quel con! Et ça se dit "grand maître des plantes"! Qu'il prenne du recul pour se regarder de loin, il verra qu'il en est bien loin! Abruti, va. Le juste distance de maître à disciple, je t'en fouterai des imbécilités pareilles, moi! Et sous pretexte d'être meilleur que les autres, ça se permet d'entrer dans vos vies, de tout chambouler et de repartir comme c'était venu!*
Elle grimpa rapidement le petit escalier le long de la corniche. Au fur et à mesure qu'elle montait, le sentiment de hargne qui semblait l'habiter se disipait doucement, comme emporté par le vent, par le temps, par... Elle s'arrêta. Le dos collé à la parois rugeuse, le vide devant elle, elle regardait là bas au loin les vagues se fracasser contre les rochers. Le clapoti de l'eau était si faible, surement emporté bien plus loin par le vent. Elle aimait ce sentiment de liberté qui se dégageait de cette nature en furie, elle aimait se trouver là, seule devant les éléments, simplement seule. Elle reprit son ascenssion, dirigeant ses pas vers un lieu qu'elle connaissait très bien. C'était là que l'avaient menée ses pas, à son arrivée ici, et c'était bien le seul endroit dans lequel elle se sentait réellement à son aise, à l'abris des regards, des mots, des autres... A sa droite, la paroie s'éffritait çà et là, et quelques petites plantes grasses y avaient fait leur nid. Un lézard immobile semblait profiter des rayons de soleil de cette fin d'après midi.
-T'as bien raison, va...
Elle marqua une nouvelle pause, le temps de réaliser qu'elle venait de parler à un lézard, et acheva enfin de grimper les dernières marches qui la séparaient encore du petit plateau de terre battue. Seul deux murs avaient tenus bon, dressés là vaillemment, formant le coin d'une pièce ouverte à tout vent qui ne comportait ni plafond ni fenêtre... En contre bas, on appercevait ce qui avait dû être jadis une ancienne cour, ou la place d'un village. Là, devant elle, un magnifique chêne centenaire se dressait majestueusement, offrant ses branches au vent qui redoublait de violence.
-J'avais envie de te voir...
Elle avait parlé à l'arbre, naturellement, et celà semblait bien moins la surprendre que d'avoir interpelé un lézard, quelques secondes auparavant. Elle écarta le vieux sac de toile beige qu'elle portait en bandoulière d'une main et s'approcha du tronc du vieux chêne. Là, posant les paumes de ses mains sur l'écorce rugeuse, elle inclina sa tête pour déposer son front sur le corps de l'arbre. Etait-ce une façon de le saluer? Un an plus tôt, lorsqu'elle était arrivée en ce lieu, elle avait décidé d'y inscrire une partie d'elle, d'y déposer un présent. Elle avait posé sa main sur le sol et, patiemment, avait offert sa force à la terre pour faire pousser un arbre là, dans ce lieu qu'elle aimait tant. S'il avait grandit si vite, c'était simplement parce qu'elle était revenue le voir bien souvent, lui donnant à chaque fois un peu d'elle-même, un peu de sa force et de sa vie pour qu'il s'élance vers le ciel, pour qu'il l'atteigne peut-être un jour...
Elle s'assit en tailleur entre ses racines, le dos collé contre son tronc, et se mit simplement à lui parler doucement, à voix si basse qu'on aurait pu croire qu'elle fredonnait une simple chanson...
-Il n'est pas venu te dire au revoir, hein? Il n'a dit au revoir à personne. Il est parti un jour, sans se soucier du vide qu'il laissait là, sans ce soucier de rien. Finallement, c'est peut-être mieux ainsi... | |
| | | Shiro Takumi
Nombre de messages : 6 Date d'inscription : 31/07/2007
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| Sujet: Re: ..:: Au pied du vieux chêne ::.. [libre] Mer 15 Aoû - 1:10 | |
| *Et voilà, un nouveau chemin se dessine à l’horizon. Nouveau tournant de vie, inconnu à perte de vue.*
Assis sur un vieux mur de pierre, les pieds se balançant négligemment dans le vide, le regard de Shiro s’était perdu au loin, dans la brume matinale qui s’élevait en volutes étrange. Le vent frais fouettait son visage avec vigueur et les mèches courtes qui l’ornaient s’agitaient en direction du large. Ses pas l’avaient guidés là sans qu’il ne puisse en expliquer les raisons. Lui qui avait caressé l’idée d’un nouveau départ avait pourtant déserté sa chambre dès l’instant où il y avait posé les pieds. Un surveillant n’était-il pas censé avoir un œil sur les élèves ? Cette première journée n’était pas une réussite en ce sens. Pourtant, il n’arrivait pas à se reprocher cette distance habituelle qu’il mettait dans sa vie à chaque instant…
*De toute façon, les jeunes sont en cours à cette heure-ci. Alors où est le problème ? Arrête de te poser tant de questions Shiro… Tu es là un point c’est tout. Profite de cette vue, laisse ton esprit vaquer et se perdre dans la brume.*
Alors qu’il reportait son regard vers le large, admirant les vagues se fracasser sur les rochers en contrebas, un bruit attira son attention. A quelques mètres en dessous du mur sur lequel il était perché, un morceau de roche s’écrasa avec fracas. La terre était-elle si fragile en ces lieux reculés ? Ses mains, reposant sur le muret de part et d’autre de son corps, se serrèrent un instant sur la roche comme si elles avaient voulu la rassurer, la calmer. Sans un bruit, les moindres petites fissures du vieux pan de mur se resserrèrent doucement pour se combler entièrement. Plus un creux, plus une faille. Une de ses mains glissa machinalement dans son sac de cuir dont il sorti un petit carnet à spirales. Un vieux crayon à papier était glissé entre celles-ci et il l’en sorti avec ses dents, alors que sa seconde main commençait déjà à tourner quelques pages. Lorsqu’il en eu trouvé une vierge, il ajusta le carnet sur ses genoux, remis son sac en place le long de son échine et esquissa quelques traits rapides. L’horizon apparut petit à petit sur le papier, enlacé par les roches escarpées et les vagues à l’écume épaisse…
Comme portés par le vent, quelques notes faibles, presque inaudibles, prononcés tels un chant lointain atteignirent les oreilles du jeune homme. « J'avais envie de te voir... » Il sourit. Il aimait tant laisser aller ses pensées, laisser vagabonder son imagination que de telles paroles sonnaient en lui comme un tour de plus joué par son esprit. Ainsi donc il aimait penser que la mer avait plaisir à le revoir… Il appliqua quelques traits de plus au dessin, comme en remerciement à ces paroles. Entrouvrant ses lèvres fines, il murmura avec douceur, avec simplicité, un message au vent.
-Moi aussi, j’avais envie de te revoir.
A qui donc s’adressait-il ? Pensait-il réellement que le paysage pouvait l’entendre ? Sûrement. Ou du moins voulait-il s’en persuader. Il avait tant couru la nature durant ces années qu’il avait maintes fois dû lui parler avec espoir, avec conscience, avec espérance. Confidente silencieuse, elle avait su l’écouter mieux que personne. Shiro imaginait alors les réponses qu’elle apportait à ses diverses interrogations, permettant au dialogue de naître, de grandir, de s’épanouir. Cela le satisfaisait.
*Ce n’est en réalité qu’un discours avec moi-même… J’ose interroger la part de nature qui réside en moi et croire qu’elle n’est autre que celle qui m’entoure. Mais c’est un sentiment agréable, une recherche inépuisable. *
Resserrant ses doigts sur le petit crayon de bois, il agita légèrement son poignet. Là, sur la feuille, les rochers se grisaient doucement, donnant à l’ensemble un côté mystérieux, profond, envoûtant. Il sourit, comme content d’être arrivé au résultat escompté. | |
| | | Ayshan
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| Sujet: Re: ..:: Au pied du vieux chêne ::.. [libre] Dim 26 Aoû - 3:14 | |
| L’arrière de sa tête reposait sur le tronc de l’arbre et ses cheveux s’accrochaient à l’écorce rugueuse, s’emmêlant de plus belle. Les mains le long du corps, les paumes en contact avec les racines imposantes de l’arbre, elle appréciait cet instant de calme, semblant attendre une réponse. Les yeux fermés, son esprit concentré au centre du vieux chêne, elle aurait jurer pouvoir entendre en lui les battement d’un cœur végétal dont les vaisseaux auraient été le phloème et la sève le sang. Apaisée, sereine, elle profitait de l’instant, heureuse de s’être laissée guider par ses pas. Son cœur l’emportait souvent sur sa raison et cela lui convenait… bien que quelques remords s’immiscent par instants en son esprit…
*Tout de même, les autres sont en cours à l’heure qu’il est. Ne devrais-je pas y être aussi ? …Oh et puis après tout… Arrête de te poser tant de questions Aysh… Tu es là un point c’est tout. Profite de cette vue, laisse ton esprit vaquer et se perdre dans la brume.* (1)
Elle avait reporté son regard là-bas au loin, vers cet horizon où le brouillard matinal progressait en volutes étranges sur l’eau. Au large, on pouvait apercevoir les premiers bateaux de pêcheur s’éloigner, leurs voiles gonflées par le vent. Elle se releva et s’approcha du vide, perchée sur l’extrémité du plateau de terre battue. Se penchant légèrement, elle regarda en contrebas. Les anciennes fondations en ruines se dressaient fièrement dans ce décor aride où la nature avait repris ses droits. Le vieux village avait du être bâti au fur et à mesure des années, chaque génération y ajoutant ça et là une poutre, un mur, une ruelle… Rien de structuré, de pré pensé, mais un ensemble simple où l’on sentait que la vie avait réussi à se frayer chemin. Ici et là, de petits jardins à l’abandon. Plus à l’est, la vieille forge où elle avait rencontré Noé, un jour d’automne… le souvenir du garçon empli un instant ses pensées. Leurs chemins s’étaient croisés là pour la première et unique fois, elle avait appris son décès quelque temps plus tard.
*Et pourtant je n’ai éprouvé aucune tristesse, ou si infime… Est-il possible d’être aussi insensible ? Je ne crois pourtant pas être murée dans une solitude qui empêcherait tout sentiment de m’atteindre. Mais peut-on sincèrement éprouver de la tristesse pour un être avec qui l’on n’a partagé que quelques heures de sa vie ? Question insoutenable…*
Elle avança encore de quelques pas et se pencha légèrement, jusqu’à ce que son ventre se resserre, que son souffle s’accélère. Elle n’avait pas hérité du vertige maladif de sa mère et prenait plaisir à sentir la peur lui serrer les entrailles… C’était un simple jeu avec elle-même, avec ses limites, rien de plus. Elle n’aurait pris aucun plaisir à le partager avec un autre. Cette pensée fit remonter à la surface un ancien souvenir… réminiscence étrange.
Elle se revoit petite, en vacances en Bretagne avec ses parents… Ils ont loués un bungalow dans un camping en bord de mer. Le seul grand voyage qu’ils aient jamais fait ensemble. Au bord d’une falaise, avec un groupe de jeune du village, elle regarde l’océan qui s’étend à perte de vue. Et puis, l’un d’eux s’avance et saute. A cet endroit, la profondeur est assez importante, les vagues ne frappent que lors des gros orages qui éclatent parfois au printemps. Mais la roche est escarpée et elle n’est pas rassurée… Habitués des lieux, les autres suivent le meneur, ils savent qu’ils ne risquent rien. Bien que ne parlant pas sa langue, ils la rassurent, lui montrent l’exemple… Elle ne veut pas perdre la face, être la seule à rester sur la falaise… alors elle saute. La chute est longue, interminable même. Elle se voit mourir et son ventre lui fait mal, un étau enserre son front. Lorsqu’elle touche l’eau, le choc est comparable à une énorme claque qui la fouette et elle met quelques instants à retrouver ses esprits. L’air lui manque et elle a l’impression qu’elle ne sortira jamais de cette eau étouffante… Elle ne sait plus si elle nage du bon côté, tout est gris, tout est flou… Lorsqu’elle atteint enfin la surface, les cris des autres enfants gagnent rapidement ses oreilles. Ils nagent vers elle, semblant la féliciter d’avoir vaincu sa peur, elle les ignore. Elle rejoint la plage à la hâte, buvant des gorgées d’eau innombrables, remonte rapidement le petit sentier qui grimpe le long de la falaise, ramasse son sac et s’en va. Un peu plus loin, assise seule en tailleur au pied d’un arbre, trempée, elle s’est jurée que plus jamais elle n’agirait pour le regard des autres.
Voilà peut-être pourquoi, un sourire aux lèvres, elle appréciait d’autant plus cet instant qu’elle s’accordait à présent. Un risque qu’elle ne partagerait qu’avec elle-même, l’histoire d’un instant. Elle se rassit enfin au bord de la falaise rocheuse, laissant ses jambes se balancer le long de celle-ci. Le vent matinal vint fouetter doucement son visage, emportant ses mèches sombres vers l’océan. « Moi aussi, j’avais envie de te revoir. » Comme porté par la brise, cette pensée agréable l’atteint en cet instant. Son esprit lui jouait-il encore quelques tours ? Elle s’était maintes fois fait rattraper par son imagination, celle-ci n’en était qu’une de plus. Jouant avec le vent, elle entrouvrit les lèvres pour ajouter quelques mots dans un chuchotement presque inaudible.
-Relâcher les rennes de l’imagination dans la solitude…
A qui donc s’adressait-elle ? Pensait-elle réellement que le paysage pouvait l’entendre ? Sûrement. Ou du moins voulait-elle s’en persuader. Elle avait tant recherché d’instants de cette solitude précieuse à l’intérieur de laquelle elle pouvait murmurer avec espoir, avec conscience, avec espérance. Confident silencieux, le silence avait su l’écouter mieux que personne. Ayshan imaginait alors les réponses qu’il apportait à ses diverses interrogations, permettant au dialogue de naître, de grandir, de s’épanouir. Cela la satisfaisait. (1)
*Connais toi toi-même. Sacré Socrate… Merci pour cette leçon de simplicité. Qui est plus à même de répondre à nos interrogations et à nos rêve que notre propre personne ? A quoi bon interpeller les autres si l’on n’est incapable de s’entendre avec soi-même ?*
1. Ressemblance voulue, tu l’auras compris…
Dernière édition par le Lun 8 Oct - 22:48, édité 1 fois | |
| | | Shiro Takumi
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| Sujet: Si ton personnage te ressemble… Dim 26 Aoû - 23:11 | |
| Encore quelques traits… les vagues semblaient presque réelles, progressant en rouleaux sous la main du jeune homme. Seuls les falaises escarpées semblaient lui déplaire, il appuya la mine de carbone d’une pression plus intense sur les traits rapprochés qui formaient l’ombre de la roche. Levant un instant le crayon de la feuille, il passa doucement son index sur la base des falaises pour l’estompée légèrement. Relevant son regard vers le large, il compara une dernière fois son esquisse avec la vue imprenable qui s’offrait à ses yeux.
*Bah, rien n’est parfait de toute manière… Je ferai peut-être mieux une prochaine fois.*
Gardant le vieux crayon en main, il le porta à sa bouche et entreprit de le mordiller tranquillement. Le vent soufflait toujours et il appréciait la fraîcheur qui courait le long de son visage, frôlant sa peau en douceur. Il ferma les yeux un instant le temps d’apprécier cet instant de calme, pour mieux entendre les bruits des vagues, les feuilles des arbres, les légers tourbillons de sable qui s’élevaient ici et là, un peu plus bas. Combien de temps resta-t-il ainsi ? Cela n’avait plus réellement d’importance… Il se sentait bien, libre, apaisé. « Relâcher les rennes de l’imagination dans la solitude… » Oui, il y avait de cela… Elle fleurissait d’avantage lorsque le silence l’écoutait, mais le terme de solitude n’était pas exactement celui qu’il cherchait…
*Solitude, n’est-ce pas un peu péjoratif ? Relâcher les rennes de l’imaginaire…*
-…dans l’isolement.
*oui, cela sonne mieux ainsi…*
Etrange, comme ce dialogue avec lui-même paraissait réel, palpable cette fois-ci… il sourit à cette pensée. Il était décidemment bien mieux seul ici qu’entouré là-bas. Bien sûr, il devrait bientôt rentrer, du moins pour la pause de midi, au risque de perdre ce nouvel emploi dont il n’avait même pas eu temps de se faire une idée. Mais en attendant… Les yeux toujours fermés, il releva le visage vers le ciel, goûtant à chaque instant de cet agréable début de matinée… | |
| | | Ayshan
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| Sujet: Le tien te ressemble t-il ? Lun 27 Aoû - 14:45 | |
| Le regard perdu au loin, toujours enfouie dans ses pensées, elle réfléchissait encore à cette question qui lui taraudait l’esprit. Ces gens qui allaient et venaient, entrant dans la vie d’un autre sans prévenir, en ressortant de la même manière un beau jour, après y avoir semé pagaille et doutes. Yun l’avait souvent charrié sur le sujet, lorsqu’elle lui demandait son avis, lui expliquant que certaines personnes étaient prédestinées à attirer les imbéciles de tous genres. Il s’arrêtait lorsqu’elle lui rappelait que lui s’était immiscé dans sa vie et y était resté, il savait que le sujet lui tenait trop à cœur pour en rire démesurément. Il était le seul être à la connaître vraiment… pourtant ces derniers temps elle l’avait trouvé distant, presque effacé.
*Bah, à toujours chercher la perle rare, on finit par oublier que la perfection n’existe pas…*
C’était pour cela finalement, qu’elle s’était rapidement tournée vers le petites pousses vertes qui s’immisçaient entre les pavés dans les ruelles de Tokyo. Celles-ci l’avaient profondément interpellée, semblant lui montrer en silence qu’il était possible de grandir dans un monde peu encourageant, seul, si l’on réussissait à s’accrocher à la vie. Longtemps, elle avait récupéré de petites pousses qui bordaient les grandes allées de la ville, se mêlant au macadam dans leurs robes d’un vert sombre recouvertes de la poussière noire caractéristique des grandes villes. Qui aurait pu soupçonner qu’une adolescente s’intéresse ainsi aux « mauvaises herbes » qui peuplaient la cité ? C’était pourtant là que tout avait commencé… et c’était cela, également, qui lui avait donné la force de continuer, qui l’avait aidé à devenir ce qu’elle était à présent. Sauvage peut-être, indépendante sûrement, mais bien dans sa peau. Elle avait foi en la Vie. Or elle n’avait pour cela pas besoin de grand-chose, surtout pas de ces Hommes qui ne savaient que mentir, trahir, ou se venger… son bonheur, elle le trouvait dans la solitude.
« …dans l’isolement. »
-Non !
Elle avait crié malgré elle, comme si ce murmure de pensée qui venait à elle ne lui convenait pas. Etrange. D’habitude, ces temps de silences où elle s’entretenait avec elle-même étaient plus calmes, plus entendus… Même si elle savait se faire l’avocat du diable pour mieux trouver les réponses aux questions qu’elle se posait, il était rare qu’elle en arrive à crier ! Mais une phrase qu’elle avait entendue il y a quelques années lui revenait à l’esprit. Elle la murmura malgré elle, peut-être pour mieux l’entendre…
-La solitude vivifie, l’isolement tue… | |
| | | Shiro Takumi
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| Sujet: Oui... Sam 3 Nov - 15:24 | |
| « NON ! » Le cri avait déchiré le silence paisible du moment et Shiro avait machinalement tourné la tête vers le lieu de sa provenance. Il ne la vit pas tout de suite. Son regard fut attiré par le magnifique feuillage d’un chêne centenaire qui se dressait au vent avec force et fierté.
« La solitude vivifie, l’isolement tue… »
Ces quelques mots, prononcés d’un calme mesuré, sonnèrent à son oreille comme une vérité qui le renvoyait à lui-même. Ils les comprenaient comme il les entendait et pourtant, s’il était certain d’une chose, c’est que ceux-ci ne pouvaient être le seul fruit de son imagination. Quelqu’un ou quelque chose s’était immiscé dans son dialogue, sa réflexion, dans son esprit… Comment cela était-il possible ? Se redressant légèrement, toujours assis sur le muret de pierre, il entreprit de ranger le carnet à dessin dans sa sacoche de cuir sombre et glissa enfin le crayon dans sa poche, sans pour autant lâcher des yeux l’arbre qui semblait impassible aux bourrasques de vent. Il frissonna une seconde, scrutant l’horizon. Quelques mèches légères voletaient sur son front, entravant sa vision, mais il n’y prêtait pas attention. Il venait d’apercevoir, non loin de l’arbre, une jeune fille aux cheveux d’ébène assise au bord de la falaise. Il ne pouvait voir son visage, dissimulé derrière les arabesques sombres des mèches dansant au vent, mais il se senti étonnamment proche d’elle en cet instant, comme si leurs pensées ne provenaient que d’une seul et même édifice, d’un seul et même esprit. Emporté par la surprise, Shiro ne put s’empêcher d’entrouvrir les lèvres pour murmurer dans un souffle :
-Se recueillir au sein d’un arbre, loin de toute forme de vie humaine… est-ce de l’isolement ou de la solitude ?
Il avait la certitude qu’elle aussi comprendrait… Ce n’était plus une réflexion introspective, et la situation était même franchement gênante. Surpris tous deux à réfléchir à voix haute, pris au piège de leur propre raisonnement… Il aurait pu tourner les talons et s’en aller en silence, mais il n’avait pas réellement réfléchi en parlant, son inconscient ayant pris la décision de lui-même. Et puis, il ne pouvait le démentir, il avait envie de mettre un visage sur ces paroles, d’entendre encore cette voix, de connaître cette femme qui semblait tant lui ressembler, dans sa solitude du moins.
[Mille pardons pour ce retard indescriptible...] | |
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