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| hêtre ou ne pas être ? | |
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Madreaper ° Surveillant °
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| Sujet: hêtre ou ne pas être ? Sam 14 Juil - 7:05 | |
| Il y a quelques mois, un violent orage avait recouvert l'école d'un voile pluvieux impénétrable. On n'y voyait goutte et pourtant on ne voyait que les gouttes tissant un long rideau opaque occultant la vue au dela d'un pas. Trois jours durant, cette calamité s'abattit dans l'enceinte de l'école et ses alentours.
Lorsque le soleil revint darder les lieux de ses rayons, réchauffant les corps et les âmes noyés dans l'amertume et l'ennui, l'hêtre était là, se dressant au milieu d'un chemin. Si certains le remarquèrent, personne ne s'en étonna, que des plantes poussent par magie n'a rien de surprenant par ici. Il n'avait rien de particulier si ce n'est qu'il était devenu le terrain de jeu privilégié d'un petit chat noir, qui descendait volontier accueillir les lycéens qui concentaient à partager leur repas avec le petit être.
Les jours passèrent sans que rien ne vienne jamais troubler la quiètude qu'envirronnait l'endroit.
*Sans hache, un hêtre ne serait qu'être et pourtant avec, il ne saurait être...*
*Si l'hêtre était, sa lettre d'été pourrait-elle être dotée de mots divers ?*
Une douce mélopée tira Kichi hors de sa rêverie. Il sentait la voix cristalline faire vibrer chaque parcelle de son être. Baignant encore dans les brumes oniriques de ses songes, il ballotait au bord de la conscience tel le jouet d'une houle capricieuse.
Ouvrant un oeil, il ne vit rien. Son oeil balafré était donc toujours aussi inerte. Ouvrant l'autre oeil, il ne vit rien non plus, C'était plus embétant. Tendant l'oreille il ne percevait plus la mélodie qui l'avait réveillé.
Et pourtant... il la ressentait encore, bien vivante, comme si elle ne s'était jamais interrompue. Son esprit prenant pied de plus en plus fermement dans la réalité, il se rendit compte qu'il ressentait également la délicieuse chaleur nourricière du Soleil, baignant sa chevelure et l'extremité de ses doigts avides de ses bienfaits. Un flux raffraîchissant courait dans ses veines en remontant ses jambes, il l'happait goulument sans trouver la situation incongrue.
Rebon planta ses griffes profondément dans l'épaule de Kichi, qui n'en eu à peine conscience. Le petit félin entreprit de s'y faire les griffes, et à mesure que les pensées de Kichi s'écartait de sa béatitude oisive pour se concentrer sur son compagnon, il eut de plus en plus l'impression que quelque chose clochait. Kichi voulu s'étirer les muscles suite à sa sieste prolongée et les trouva extrêmement gourds.
Rassemblant toute sa volonté, Kichi baissa les bras et fis un pas en avant...
Au même moment, un sinistre craquement de bois encore vert retentit dans la cour. Le bruit se pronlongea tandis que deux branches basses s'affaissèrent. Puis, dans un instant d'éternité, le tronc se scinda en deux dans un crépitement d'écorce affolé. La moitié de ses racines se déracinèrent et s'élancèrent, une partie du tronc à sa suite, à l'assault du chemin menant à l'école. Comme mû au ralenti par une volonté propre, l'arbre sembla effectuer un pas titanesque qui fit presque trembler le sol en s'y posant pesament.
Rebon, nullement troublé, se posa sur son séant avant de se lêcher la patte pour se la frotter derrière l'oreille.
Dernière édition par le Lun 16 Juil - 18:47, édité 1 fois | |
| | | Ayshan
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| Sujet: Re: hêtre ou ne pas être ? Lun 16 Juil - 18:38 | |
| La matinée se terminait doucement tandis qu'elle baillait à gorge déployée à l'avant dernier rang de la salle de classe encore bien occupée. Quelques élèves avaient déjà quitté les lieux pour de meilleurs horizons, elle ne se décidait pas à rassembler ses forces pour quitter la petite salle sombre. Flemme? Cela était fort plus probable que de penser qu'elle restait là par intérêt pour le cours de botanique. Depuis qu'elle avait mis les pieds dans cette école, elle n'avait rencontré aucun professeur élémentariste des plantes digne de ce nom et, à vrai dire, elle ne comptait plus vraiment là dessus... Elle se contentait de faire acte de présence en matinée par simple principe, écoutant d'une oreille encore engourdie par le sommeil les paroles dudit professeur. Cela lui permettait de finir sa nuit tranquillement en s'instruisant tout de même – ne dit-on pas que l'on assimile bien mieux les informations en dormant ? L'après-midi, elle n'avait donc aucun remords à déserter les salles de cours pour s'instruire d’elle-même, se promenant dans la campagne environnante, cueillant herbes aromatiques par ci, racines par là, retrouvant cette sensation de bien être qu'elle ne trouvait nulle part ailleurs...
La sonnerie stridente annonçant la fin de la matinée mis fin à ses rêveries. Elle esquissa une grimace en se bouchant les oreilles, les yeux plissés, laissant apparaître de petites rides sur son front. Quelques mèches noires emmêlées lui barraient le visage mais elle ne s’en souciait guère. Le jour où elle se déciderait à saisir une brosse à cheveux n’était pas venu ! D’un geste simple de la main, elle dégagea ses yeux, dévoilant un visage simple aux traits fins. Appuyant ses deux mains à la vieille table de bois, elle se leva, jeta son sac de toile beige sur son épaule et s’en alla en silence. Voilà. C’était fait. La B.A. de la journée avait été accomplie. Une fois dans le couloir, elle inspira longuement, comme libérée enfin d’un poids qui lui avait enserré la poitrine. L’inspiration se transforma bien vite en une moue désapprobatrice.
*Horrible. Cette école pue le renfermé. Il faudra que j’explique le sens du mot « aération » aux femmes de ménage, si j’en croise une un jour… D’ailleurs, à bien y réfléchir, je crois ne jamais en avoir croisée une seule. Midi ? Pas faim. Envie de prendre l’air. Un bon bol d’oxygène sera toujours préférable au potage de volaille indiqué au menu de la cafét.*
Elle repris sa route en direction de la vieille porte de bois qui donnait sur la cour. Arrivée à sa hauteur, elle la poussa doucement du pied, faisant grincer les gonds de métal rouillé contre le bois encore humide de la rosée du matin. Les rayons de soleil qui s’infiltrèrent par l’ouverture la firent cligner des yeux. Elle les garda clos un instant, le temps de saluer le soleil. Son visage, tourné vers celui-ci, avait retrouvé une discrète lueur de joie, et un fin sourire se dessinait sur les lèvres de la jeune fille. Lorsqu’elle reporta son regard sur la cour, elle la trouva déserte. Déserte ? Pas tout a fait… Un peu plus loin, au milieu d’un chemin, se tenait un grand hêtre majestueux dont les feuilles portées par le vent semblaient chanter un vieux refrain apaisant. Elle qui connaissait si bien les arbres de la cour, qui dormait en leurs seins si souvent, qui leur parlait à sa manière, avait bien remarqué que celui là n’était pas si vieux qu’il ne le paraissait. Il avait vu le jour quelques mois auparavant, après les trois jours de pluie mémorables qui avaient transformés les allées de l’école en petites rivières improvisées. Depuis, il était devenu une partie du décor, abritant les élèves sous son feuillage lors des journées trop chaudes. Son regard se posa aux alentours, de recoins en recoins. Elle tendait l’oreille, comme pour saisir le moindre son, bruit de voix, chant d’oiseau. Lorsqu’elle fut certaine d’être seule, elle s’approcha du hêtre à pas lents, entonnant d’une voix douce les notes d’une mélodie ancienne qu’elle avait entendue petite. Des paroles simples, quelques mots inconnus, comme un hymne mystérieux pour saluer l’arbre centenaire. Sa voix, emportée par le vent, alla se perdre un peu plus loin, entre rhododendrons et azalées. Arrivée au pied de l’arbre, elle s’agenouilla simplement, écartant le vieux sac de toile usée de son épaule, posant ses paumes sur le tronc du vieil arbre. Il lui rappelait celui qu’elle avait planté à son arrivée ici, sur le petit plateau de terre battue des ruines du bord de mer. Un air de famille, peut-être… Elle avait besoin de cela. Posant son front sur le corps de l'arbre, les mains l'enserrant toujours, on aurait pu croire qu'elle communiait avec lui, ou qu'ils échangeaient en silence quelques secrets. *Hêtre ou ne pas être* ... cette pensée étrange lui traversa rapidement l'esprit... Le bord de ses lèvres esquissa un sourire, sa bouche enfouie tout contre l'écorce de l'arbre.
*Un bruit.* Elle releva la tête. *Le bruit de l'écorce trop sèche qui se fend au soleil.* Elle décolla ses paumes du corps de l’arbres et rapprocha le vieux sac de son corps. *Ou celui d'une branche qui craque?* Elle n’avait rien à craindre et pourtant, le simple fait de savoir qu’on avait pu l’entendre ou la voir la mettait déjà mal à l’aise, comme sur la défensive. Son regard longea le tronc sur la droite. Là, imposante, comme drapée d’une longue cape noire, une étrange silhouette sombre et floue faisait contraste avec la lumière blanchâtre du soleil. La luminosité était telle qu'elle ferma à plusieurs reprises ses paupières. L'ombre demeurait incertaine. Elle se redressa en silence, toujours collée au tronc du hêtre. Que signifiait donc ce mirage? Elle recula d'un pas. Plus rien. Elle s'immobilisa un instant et se remit en contact avec l'arbre, distinguant à nouveau la silhouette. Un rêve? Une vision? Elle secoua la tête. Jamais encore tel phénomène ne s'était produit devant elle. En contact des arbres, elle semblait se recharger, se ressourcer. Elle parvenait à distinguer le bruit de la sève courant dans leurs troncs, elle leur parler sans attendre de réponse. Là, rien n'était pareil...
Elle recula à nouveau, perdant de vue la silhouette élancée. Elle jeta un coup d'oeil aux alentours. Un bruit sourd de bois qui se brise retentit dans la cours déserte. Elle se retourna brusquement, juste assez rapidement pour apercevoir le tronc du hêtre se scinder en deux parties inégales dans un deuxième craquement sinistre. Elle retint un cri lorsque celui-ci sembla esquisser un pas vers elle, comme mue par une force invisible. Sans plus penser à sa vision d'alors, elle sauta sur le côté, avant que les racines de l’arbre ne viennent s’écraser à l’endroit même où elle se trouvait une seconde auparavant. Bouche bée, elle observa l’arbre se diriger lentement vers la vieille porte de bois de l’école...
Sans réfléchir, elle s'élança une nouvelle fois vers le tronc. Trébuchant, elle se rattrapa tant bien que mal à une haute racine et réussi à se hisser près du tronc avant que la "jambe" n'esquisse le prochain pas. Là, recroquevillée contre le bois, elle enlaça le tronc de ses bras et, y collant son front comme à son habitude, elle se mis à parler en vain, d'une voix quelque peu mélodique...
-Si tu m'entends, oh répond moi... si tu me sens, je t'en prie dis-le moi, explique moi simplement pourquoi...
Les larmes roulaient sur son visage sans qu'elle n’eut pu en dire la cause. Elle s'attendait à tout et à rien, elle ne comprenait pas, voulait comprendre sans le vouloir, savoir, ou non... *je t'en prie...* Parlait-elle à l'arbre? A son âme qui soudainement semblait capable de vie? Ou à cette silhouette irréelle qu'elle avait entraperçut quelques instants auparavant? Elle même n'aurait pas su le dire... | |
| | | Madreaper ° Surveillant °
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| Sujet: Re: hêtre ou ne pas être ? Jeu 19 Juil - 5:01 | |
| La voix de sa muse résonnait de nouveau dans tout son être. Elle était plus claire et distincte, mais emplie d’une indicible tristesse.
-~ Pourquoi ? ~-
L'écho de cette question se répercutait dans toutes ses cellules, traçant un sillon chaotique empreint d'un tel chagrin... Sa forme sylvestre n'était pas adaptée à une telle réflexion, une arbre n'a d'autre motivation que vivre et perdurer dans sa descendance. Mais la sensation qu'une réponse dissiperait la tristesse qui envahissait son âme était si intense qu'il s'abandonna à cette idée.
À mi-hauteur du tronc, deux noeuds se formèrent dans l'écorce et s'ouvrirent tels des paupières sur les ténèbres d'un regard vide semblant aspirer toute lumière. Dans un craquement sonore, une fissure apparue, soulignant les yeux de la créature d'une grimace morose. Les mouvements d'écorce se continuèrent, esquissant les reliefs d'un visage tourmenté par une tristesse qui n'était pourtant pas sienne.
Les deux branches basses qui s'étaient affaissée se firent bras, s'arquant autour d'un coude qui s'alignant lentement le long du tronc. À droite du visage, la branche enfla à la manière d'une massue et s'orna de lierre mêlé de ronces. Le bras gauche pris une apparence plus humaine, un cylindre effilé surmonté doigts griffus tenant autant de la main que de la serre.
Kichi avait les idées moins confuses, même si chacun de ses gestes étaient d'une lenteur agaçante. Ouvrant les bras au destin qui se jouait de lui si cruellement, il émit une longue plainte boisée; un grincement de bois grave et sonore qui emplit la cours faisant écho à son coeur déchiré. Marquant une pause tandis que ses pensées s'agitaient, quelque chose attira son regard vers sa jambe gauche.
La ressentant plus qu'il ne la vît, Kichi perçu une présence éthérée qui s'accrochait à son pied. La créature pleurait manifestement, c'était donc elle la source de tout ses maux ! Tandis qu'il posait son genou droit à terre, son bras droit s'abattit au sol, soulevant une gerbe de poussière dans un choc sourd. Ne se départant pas de la lenteur dont il avait fait preuve jusque là, Kichi approcha implacablement sa main griffue du visage de la jeune fille, paume vers elle.
À quelques centimètres de sa joue, en jaillirent une dizaine de filaments diaphanes et soyeux. Ils se ruèrent sur les larmes qui couraient le long de l'ovale de son visage pour aller s'écraser au sol. Se délectant de ces douceurs humides et riches en sels minéraux que lui offrait la jeune dryade, Kichi senti la tristesse qui le taraudait se teinter de mélancolie; un sentiment plus doux auquel on pouvait s'abandonner de bonne grâce. | |
| | | Ayshan
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| Sujet: Re: hêtre ou ne pas être ? Jeu 19 Juil - 17:35 | |
| Déjà, elle regrettait d'avoir oser ces paroles. Elle, pourtant si terre à terre la majeure partie du temps, entrait parfois dans un état de questionnement métaphysique qui l’effrayait et qui, sans aucun doute, devait également gêner ses semblables. Elle aurait mieux fait de tourner les talons et de laisser l'arbre à ses envies délirantes, à son gain d'énergie soudain et à tout ce que cela entraînerait. Elle grimaça. Une grimace étrange sans doute. Les larmes roulaient toujours sur sont visage refermé, sa bouche et ses sourcils s'étaient serrés et un sourire persistait pourtant sur ses lèvres. Malgré l'incohérence de la situation et sa posture délicate, elle se sentait bien là, actrice de ce rodéo improvisé.
La tête toujours contre le corps de l'arbre, elle n'aperçut pas tout de suite le visage se former. Un visage... noueux, si l'on pouvait s'exprimer de la sorte. Comme dans les dessins animés qu'elle avait regardé petite aux côtés de son petit frère, des paupières, puis des yeux, un nez et enfin une bouche se dessinèrent doucement sur le tronc de l'arbre à l'écorce ridée. Elle se raidit, s'attendant à tout et n'importe quoi. Dans un mouvement de recul vain, elle s'écarta légèrement du tronc pour descendre sur une racine en contre bas. Un nuage de poussière s'éleva vers elle lorsque le "bras" de la bête s'affaissa au sol. Prise de court, elle toussota à plusieurs reprises, une main devant la bouche. La terre sèche lui brûlait les yeux qui se remirent à pleurer machinalement. A moitié consciente, elle observa le hêtre se pourvoir de deux bras inégaux. Un hurlement déchira le silence de la cour, faisant trembler le sol et vibrer l'arbre lui-même. Lorsque l'arbre stoppa sa course pour mettre un genou au sol, elle sauta à terre. La jeune fille esquissa un second mouvement de recul lorsque le bras de gauche, pourvu de griffes d'une longueur impressionnantes et semblant dures et tranchantes comme le métal affûté, s'approcha de son visage. Mais avant même qu'elle n'ait pu bouger, de petits filaments transparents et doux comme de la soie jaillirent de la paume de cette main pour aller recueillir les gouttelettes salées qui roulaient encore sur les joues d'Ayshan...
Un nouveau frisson parcourut le corps de la jeune fille. Les questions se bousculaient dans son esprit pourtant presque à l'arrêt, ralentit par la stupéfaction et l'incompréhension. Ses paupières se fermèrent un instant, faute de mieux. Les sources de ses larmes s'étaient enfin taries, elle respirait avec calme...
*Qui est-il?* Elle secoua la tête rapidement comme pour se remettre les idées en place. *Ce n'est pas un arbre ordinaire.* Nouvelle secousse. *Ce n'est pas un arbre.* Elle ouvrit les yeux, contemplant la face sculpté dans l'écorce qui donnait à voir une attitude maussade, entre la tristesse et l'ennui. *Ce ne peut être un arbre. Un arbre ne peut penser ou se comporter comme un homme, à moins qu'on ne lui dicte la marche à suivre... à moins que...* De sa main droite, elle se gratta la tempe. *...se pourrait-il que...?* Elle se redressa d'un bond et toisa l'arbre de sa petite taille. *L'ombre, la silhouette...* D'une voix forte, elle s'adressa au hêtre…
-Je ne voudrais pas t'interrompre dans ta dégustation, mais j'aimerais bien savoir qui se cache derrière cette écorce grisâtre?
Attendant une réponse, elle continuait à réfléchir...
*Comment comprendre? Hideaki Takeshi m'a enseigné l'art de dissocier l'âme et le corps du végétal. Mais cela fonctionne t-il lorsqu'un esprit autre que celui de la plante s'est inséré en elle? Malgré ses années d'études et d'entraînements, je reste encore disciple et non maître. Je n'aimerais pas faire de bêtises... et pourtant. Il faut que je sache.*
La curiosité d'Aysh pouvait se révéler assez forte. Or la situation la mettait à l'épreuve, et la "bête" était libre de tout mouvement, capable du meilleur comme du pire. S'agenouillant à nouveau, elle posa une main au sol, gardant l'autre repliée le long de son buste et entrouvrit légèrement ses lèvres, prête à lancer l'incantation d'une seconde à l'autre.
*Si je n'ai pas de réponse dans moins de dix secondes, ou s'il fait un seul geste suspect, je tente le coup...*
Elle attendait, imperturbable. | |
| | | Madreaper ° Surveillant °
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| Sujet: Re: hêtre ou ne pas être ? Mer 1 Aoû - 7:19 | |
| La source s'était tarie, puis la présence de la jeune fille s'est brusquement envolée comme elle s'éloignait de lui. Avec elle, toute trace de tristesse et de sentiment étranger. Seules lui restaient ses sensations propres, la certitude d'exister et quelque chose qu'il associait à la chaleur du soleil, un certain bien être qui irradiait de ses feuilles et qu'il savait provenir des rayons du soleil.
Haussant les épaules, Kichi oublia sa dryade et s'allongea sur le sol, les bras croisés derrière la tête. Au fond c'était un peu comme faire une sieste au soleil.
Sans les bruits et les odeurs de la nature qui vous entourait. Sans la douce chaleur de soleil irradiant votre épiderme et la légère pression qu'exerçait l'herbe dans son dos tel un matelas improvisé. Sans le battement régulier de son coeur dans ses tempes qui donnait le tempo à ses rêveries les plus fugaces.
Rien que son propre esprit et la sensation de bien-être comme les feuilles remplissait leur office, baignées de Soleil. Mais qu'en serait-il lorsque la nuit tomberait ? Peut-on se suffire à soi-même en n'étant que pur esprit ?
Kichi songea avec tristesse bien à lui que l'esprit humain n'était vraiment pas apte à la pensée végétale. On pouvait sans doute au mieux être en harmonie complète avec la nature une journée tout au plus, avant d'être rattrapé par sa nature humaine... Peut-être y arrivait-on en abandonnant toute trace d'humanité... était-ce qui lui était arrivé ?
D'ailleurs combien de temps cela faisait-il depuis que leur contact s'était rompu ? Il était incapable de le déterminer. Encore quelque chose dont il n'avait pas besoin, mais qui lui manquait terriblement... c'était stupide.
Fini les après-midi oisives à contempler l'horizon, perché sur un arbre en haut d'une colline... Il ne pourrait plus regarder le temps passer et le sentir filer calmement entre ses doigts tel le flux d'un ru champêtre(1)...
À l'évocation de cette pensée, Kichi ramena les mains devant son visage et les fixa intensément. Peine perdue, il ne les voyait toujours pas... Une colère irrépressible l'envahit devant tant de frustration, pliant l'écorce de sa volonté inconsidérée, il se mû avec une agilité et une vitesse parfaitement humaine et non plus avec lenteur. Chaque mouvement s'accompagnait de craquement et d'innombrables fêlures dans l'écorce comme sa nature d'arbre ne convenait pas à ce genre d'activité.
Plaçant sa main sous la tête, paume au sol, il propulsa ses jambes en l'air pour atterrir debout dans une secousse sismique. Pivotant rapidement, il s'élança vers la position supposée de la jeune fille et referma ses griffes sur son corps frêle(2). Après mûre réflexion, son poing n'enserrait pas grand chose(3)... Il l'avait peut-être broyée ? Mais tout de même, il devrait au moins pouvoir sentir les os, non ?
En plus de cela, il n'avait pas ressentit ne serait-ce que les prémices d'un contact psychique comme la première fois. Elle s'était sans doute déplacée... ou alors il n'était pas parti dans la bonne direction, il n'en était plus sûr. Dans un cri de rage(4), il ouvrit la main pour présenter sa paume au ciel, puis d'un mouvement vif, la tendit vers le haut. Dans un rayon de cinq mètres autour de lui percèrent du sol des centaines de ses filaments diaphanes, s'agitant au grès du vent du haut de leur cinquantaine de centimètres. Il la percevrait si elle les touchait, et alors... Sa bouche se déforma en un sourire mauvais.
______________________________________________________________________________________________ (1) Comme quoi, la glande, c'est plus profond qu'on pourrait le croire. (2) Aha ! (3) D'oh ! (onomatopée d'Homer Simpson en VO) (4) Toujours boisé le cri. (5) Faudrait p'tet que j'y aille mollo sur les notes en bas de post, pas sûr que le rendu soit efficace. | |
| | | Ayshan
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| Sujet: Re: hêtre ou ne pas être ? Sam 11 Aoû - 0:59 | |
| [Mea culpa pour le retard... mais je l'ai fait... =) Je suis au boulot, tu dois y être aussi. Une longue nuit nous attend. J'espère qu'elle sera tranquille...]
Un bras toujours posé au sol, elle attendait le moindre mouvement de l'arbre pour agir. Elle n'avait jamais été d'un naturel agressif, ne cherchait pour rien au monde à se battre pour des broutilles. Elle aimait simplement comprendre les choses, et éviter que certaines choses incompréhensibles viennent lui barrer la route. Or un arbre à l'esprit vif capable de se mouvoir était, certes, une chose difficilement acceptable, mais il pouvait également faire basculer la situation de n'importe quel côté.
Un fracas retentit dans la cour lorsque l'arbre s'allongea de tout son long au sol, comme si - chose inconcevable - il avait voulu profiter des rayons de soleil dorés qui réchauffaient les environs. Si l'arbre était réellement habité par un esprit autre que le sien, que ressentait cet esprit à cet instant précis? Elle n'aurait su le dire... Elle hésita un instant à agir mais préféra attendre encore un peu.
Sans bouger, elle laissa vagabonder ses pensées tranquillement, s'imaginant elle même en arbre, ayant comme corps un tronc robuste et droit, avec son esprit de jeune femme aimant la liberté, la solitude,... Serait-ce compatible? Elle en doutait. Elle se lasserait surement vite d'un corps difficilement mobile, de cet état de "végétation", de non-action. La synthèse du Co2 l'ennuierait probablement très rapidement, oui, décidément, elle préférait de loin son état d'être humain, être qui fuyait pourtant souvent ses semblables. Mais, au moins, avait-elle le choix de supporter ou non leur présence.
Une série de craquements sourds la sortit de ses pensées. L'arbre s'était remis à bouger, levant d'abord ses deux bras devant ce qui lui servait de "tête", puis se relevant d'une "bond", si l'on peut imaginer un arbre bondir. Cela ressemblait plus à un bras mécanique à puissance maximum, à une canette métalique géante que quelqu'un aurait plié, un levé sans grande grâce, brutal, presque agressif. Son bras s'écrasa au sol, semblant viser une quelconque proie. A quelque mêtres de là, elle observait la scène d'un regard noir.
*C'est moi que tu veux faire crever? Quel intérêt aurait-il à cela... Arbre fou, insensé...*
Se redressant de toute sa taille, il ramena sa poigne au niveau de ses branches et présenta sa paume au ciel. Alors qu'elle s'apprêtait à laisser les mots sortir de sa bouche, sa main, toujours en contact avec le sol, ressentit une légère vibration. Tournant la tête, elle observa la formation rapide d'un cercle de filaments légers et transparents. Les mêmes qui avaient peu avant recueillis ses larmes. Une vision magnifique. Comme une danse d'algues éphhémères venues d'on ne sait où, se balançant au vent. Le sourire de la jeune fille devant ce spectacle inattendu retomba pourtant rapidement. Une atmosphère étrange planait dans l'air, et l'arbre semblait maintenant attendre quelque chose, comme satisfait de la situation.
*Ces filaments, ce cercle... il ne m'empêche pourtant pas de sortir, je peux écarter ces fils comme je.... mais... sortir? Le contact avec ces filaments me... sentir ma présence? Pour mieux me...*
Avant qu'elle n'ait eu le temps de penser au mot "broyer", ses muscles s'étaient déjà raidis, comme prêts à attaquer. Le signal de son corps fit cesser sa reflexion bien trop profonde. Le temps n'était pas à la philosophie, le danger était là, nul besoin de le détailler pour le comprendre. Or, même si elle sortait vivante du cercle cotoneux, l'arbre serait toujours là, avec cette même idée fixe dans la tête. Comment lui était-elle venue? Peu importait. Elle releva son visage vers la cime de l'arbre, se remémora les enseignements d'Hideaki sur la séparation de l'âme et du corps végétal, appuya un peu plus fermement sa main au sol et prononça quelques bribes de phrases d'une voix simple et monocorde, concentrée sur le seul but de son action. Elle l'avait fait tant de fois... Celle ci était pourtant légèrement différente. | |
| | | Madreaper ° Surveillant °
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| Sujet: Re: hêtre ou ne pas être ? Ven 17 Aoû - 5:20 | |
| Un contact ! Une pensée fugace...
*Pour mieux {me/la}... broyer...*
C'était confus et il ne savait pas à qui attribuer cette pensée, il était pratiquement sûr qu'elle ne venait pas de lui, quel intérêt aurait-il de la tuer ? Il la lui fallait vivante s'il voulait profiter de ses sens... Et pourtant, la jeune fille semblait lui en attribuer l'origine, il le sentait bien. Décontenancé, il ne réagit pas tandis qu'elle posait la main à terre en murmurant. Perdu dans ses pensées, il ne prêta pas attention à la signification de ce qu'elle prononçait.
*Serait-ce la peur qui la fait délirer ?*
Il en venait à se demander si son attitude était vraiment la plus efficace, quand soudain il sentit son existence s'effriter. Chaque cellule de son corps lui échappait petit à petit, et comme il s'y accrochait désespérement, il les ressentit avec horreur se nécroser implacablement. Son écorce se durci et s'assêcha, son bois s'assombrit et pris une teinte grisâtre. Ses feuilles brunirent, se recroquevillèrent avant de tomber. Dans leur longue chute virevoltante, parfois même avant, elles noircirent puis tombèrent en poussière que le vent éparpilla en hâte. Les filaments ternir, de leur soie crochue, ceux qui le purent s'accrochèrent vainement à la jeune fille tandis que les autres s'affaissaient à même le sol. Sous la solide gange d'écorce, le bois tendre se désagrègea en un amas de sciure mélant la pâleur du blanc de la sciure fraîche à un gris verdâtre rappelant la moisissure.
Le contact avec sa dryade fut brutalement rompu, celui qu'il avait avec l'arbre également de façon un peu moins brève mais douloureusement intense. Kichi revenait à ses sens humains et tomba à genoux dans un matelas de sciure. Il secoua la tête pour reprendre ses esprits, les battements de son coeur résonnait dans ses tempes avec un écho étourdissant. Son rythme cardiaque était redevenu normal, peut-être légèrement plus rapide que d'habitude. Nourri par l'arbre, ses fonctions vitales s'étaient ralenties pour devenir presque inexistante, embrûmant son cerveau tout en le maintenant en vie.
Il ouvrit les yeux sur des ténèbres opaques. Lorsqu'il la tendit, sa main se posa sur l'intérieur d'une paroi d'écorce sans la moindre trace de vie. La peau blême de ses bras était constellée des vestiges de phloème(1) dont les tubes s'enfonçaient dans ses veines. Son avant-bras gauche était toujours gaîné d'ébène, il soupira, évidemment, c'eût été trop beau.
D'un air abattu, il posa le front sur l'écorce qui l'emprisonnait. Toujours aucun écho. La main gauche posée sur la paroi, il se recula légèrement et ramena son poing droit en arrière, en bandant ses muscles. De toute ses forces, il assèna un violent coup de coude à l'enceinte qui le retenait prisonnier. Le coup résonna bruillemment sans plus d'autre effet, tandis qu'il sentit une vive douleur vriller dans son coude. Serrant les dents, il se frappa plusieurs fois la tête contre le mur pour cette sensation désagrable, sans laisser échapper ni cri ni larmes.
Il se redressa et se recomposa une attitude digne. Il frotta négligeament sa main gauche contre son bras droit pour l'en débarrasser des débris végétaux, puis enfonça la griffe de son pouce dans le creu de son coude de quelques millimètres. D'un geste soigné, il la fit glisser jusqu'à son poignet, traçant une ligne parfaite d'où perlait le sang frais à grosse goutte. Tendant le bras sur le côté pour présenter sa plaie vers le sol, il ferma les yeux pour se concentrer.
Quelques gouttes de sang s'écrasèrent sur le tapis de sciure, mais la majorité coula horizontalement vers le centre de la plaie d'où pointait l'estoc d'une lame effilée. D'un mouvement fluide, la faux d'ambre se para d'une teinte obscure au sang de Kichi, tout en fendant l'air dans sa chute sans accroc. La lame bascula comme son manche se formait, la nouvelle répartition de sa masse modifiant sa trajectoire. Une fois sa faux entièrement formée et avant qu'elle ne touche le sol, Kichi s'en empara de la main droite d'un geste élégant. Du sang frais courait paresseusement(2) le long de son bras et coulait dans sa paume serrée contre le bois du manche de la faux.
De la main gauche, Kichi détacha sa cape et l'enroula d'un mouvement leste autours de son avant-bras gauche, pour qu'elle n'entrave pas ses mouvements. Pointant le manche de sa faux comme un baton, il appliqua le bout portant la lame contre l'écorce du tronc, puis recula pour se trouver à un mètre de la paroi. Tournant lentement sur lui même, il glissa le manche le long de la circonférence du tronc pour en évaluer l'étendue. À vue de nez, environ un mètre vingt de rayon. Se rapprochant de la paroi, le bras droit le long du corps, il plia le coude pour imprimer une légère courbe à sa faux puis la planta à l'oblique profondément dans l'écorce à quelques centimètres du sol. Reculant d'un pas pour se placer au centre de l'arbre, il fit un tour sur lui-même et accèlera la rotation d'une torsion du torse, faisant glisser la faux autours du tronc avec autant de facilité qu'elle fenderait des eaux calmes. La coupe était plane avec un angle de quarante-cinq degrès par rapport à la verticale, dépassant ainsi largement Kichi au niveau le plus haut(3). Kichi s'adossa au tronc de ce côté et leva l'oeil au ciel...
Comme mu d'une impulsion propre, le haut du tronc glissa lentement le long de la coupe, puis accelèra avant de basculer au sol. La lumière soudaine aveugla Kichi, comme il baissait la tête pour se protéger du soleil, une masse sombre lui tomba sur le crâne. Une masse sombre et douce munie de quatre coussinets moelleux, qui s'affala sur sa tête avec un "miaar~" affectueux. Kichi passa sa faux dans sa main gauche et la traîna négligeament derrière lui tout en s'éloignant du tronc. Comme il descendait la petite marche qui le séparait du sol de la cours, ses lèvres s'épanouirent en un sourire sincère. Il leva le bras droit et carressa Rebon du revers de la main, pour ne pas le maculer de sang.
"Salut, toi !... Tu m'as manqué... Enfin, je crois..."
Ce faisant il observa sa plaie, le sang y était épais et légèrement sirupeux. Il porta le creu de son coude à ses lèvres entrouvertes, puis lêcha délicatement sa plaie de tout son long jusqu'au poignet. Le goût cuivré et légèrement salé qui lui était familier était bien là, mais il manquait de fluidité et était particulièrement sucré. Il n'avait jamais vraiment apprécié les mélanges sucré-salé... Peut-être qu'en dilant tout ça à coup de saké... Son regard fut soudain attiré par une présence alors que sa langue atteignait enfin son poignet. Pendant de longues secondes, il resta figé à la dévisager. Elle lui semblait familière, bien qu'il ne l'ai jamais vue. Des bribes éthérées d'un rêve éveillé s'agglutinèrent dans sa mémoire. Les mots s'échappèrent de sa bouche sans qu'il s'en rende compte...
"Tu es... ma... Dryade...?"
L'absurdité de ses paroles firent écho dans ses oreilles, et il resta là pensif, le menton dans le creu de sa main ensanglantée. Il était là, du haut de son mêtre quatre-vingt-quinze, dans un pantalon noir, les pieds nus à même le sol, le torse nu et très pâle, un linge sombre entourant son bras gauche d'où dépassaient ses griffes enserrées autours de sa faux, tandis qu'une plaie livide marquait son bras droit. La cicatrice qui lui barrait un oeil droit sans vie était quant à elle visiblement moins récente, son autre oeil était dirigé vers la jeune fille, mais semblait fixer un horizon bien au-delà de son épaule. Sa longue natte blanche pendait mollement dans son dos tandis que le petit chaton noir couché sur sa tête observait Ayshan d'un oeil amusé.
______________________________________________________________________________________________ (1)Tissu constitutif des "veines" de l'arbre conduisant la sève élaborée vers les cellules de l'arbre (2)Un peu comme en EPS quand on te fait courir autour d'un stade pendant j'sais pas combien de temps, le style de course des derniers (oui j'en faisait partie :p). En gros si tu cours moins vite, t'es obligé de marcher. (3)D'environ 50cm pour être exact, selon la hauteur du point le plus bas, faites le calcul, vous verrez (Eh oui j'ai le soucis du détail... Quoique, je n'ai pas vérifié si le poid de l'arbre était crédible pour que la force de frottement soit suffisante pour compenser la pression de la gravité, même avec l'absence d'inertie... En plus avec le manque d'aspérité dû à ma coupe parfaite, il se pourrait bien que la structure ne soit pas assez stable pour tenir d'elle-même... d'ailleurs ça va être le cas tout compte fait. ça me donnerait presque envie de postuler pour être prof de math à mi-temps, tiens XD, mais bon si c'est pour faire cours à une classe vide, c'est pas terrible, pour peu que des élèves viennent saper mon autorité pour se venger de leur prof irl...) | |
| | | Ayshan
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| Sujet: Re: hêtre ou ne pas être ? Sam 18 Aoû - 15:13 | |
| Simple impression ? Elle avait pourtant cru ressentir un semblant d’incompréhension venant de l’arbre lorsque la peur de se faire écraser par le corps de bois avait traversé son esprit. Mais ce qu’elle voyait ne se résumait qu’à une écorce épaisse surmontée de branches feuillues. Il était de toute façon trop tard pour revenir en arrière, elle était lancée dans le récital de cette douce litanie.
*Attendre… dans un instant je saurais sûrement si…*
Elle n’eut pourtant pas le loisir d’attendre très longtemps. Le tronc sembla se raidir un instant, comme les muscles d’un corps qui se crisperait de douleur. La vie sembla s’échapper du cœur du végétal, donnant à l’écorce une teinte terne. Le feuillage dense du hêtre s’assécha brusquement et se laissa tomber en courbes régulières avant de se réduire en poussière. Trop concentrée sur l’image de décomposition qui se projetait irrémédiablement sous ses yeux, elle ne sentit pas les filaments s’accrocher vainement à son corps. Lorsqu’elle jeta enfin un regard vers le sol, la vision d’un enchevêtrement d’une soie terne et cassante lui sauta aux yeux. Elle ne put empêcher un frisson de parcourir son corps. Elle venait de réduire à néant un arbre, elle qui aurait parfois donné sa propre vie pour celle d’un des leurs. Partagée entre les sentiments qui se bousculaient en son esprit, elle laissa glisser une larme simple qui roula le long de sa joue avant de s’écraser au sol. Une seule larme de hargne, de remords peut-être, comme une excuse implicite. Fermant les yeux l’espace d’une seconde, elle aperçu un visage ridé aux cheveux blancs, un visage lumineux et souriant qui n’était autre que celui de son maître. Entrouvrant la bouche, elle murmura simplement dans un souffle quelques mots qu’elle ne maîtrisait déjà plus…
-Pardonnez moi Hideaki-sensei…
Lorsqu’elle rouvrit les yeux, ce fut pour voir au sol un amas de sciure qui enfonça en son cœur une force plus profonde qu’un coup de poignard. Elle ne laissa pourtant glisser aucune autre larme de ses pupilles brillantes, se contentant de respirer calmement et d’observer la suite, encaissant la douleur comme une simple rédemption. Partageait-elle la douleur de cet esprit à qui elle venait d’arracher un corps ? En avait-elle la capacité ou du moins l’obligation ? Elle n’avait jamais ressentit cela auparavant mais n’en parut pas intriguée. Serrant les dents, elle reportait toute sa présence sur la scène qui se déroulait encore sous ses yeux. Devant elle, un tronc grisâtre sans le moindre souffle de vie, tenant pourtant vaillamment droit.
*Je viens de…*
Un bruit sourd coupa court à ses pensées. Elle avait clairement vue cet homme frapper l’intérieur du tronc et ressentit la vibration dans tout son être… Comment était-ce possible ? Elle reposa son regard sur la vieille écorce lisse. Rien. Comment était-ce possible ? Elle fit un pas sur le côté, écarquillant à nouveau les yeux. Toujours cette enveloppe vide trônant au centre d’un cercle de sciure… Pourtant elle était certaine de l’avoir vu. Comment était-ce possible ?
*L’image était nette… était-ce mon imagination ? Il paraissait pourtant si réel, à genoux dans le corps du hêtre, la tête entre ses mains…*
Elle n’eut pas le temps de se demander plus longtemps si l’image ressenti était ou n’était pas un reflet de ce qui se passait réellement à l’intérieur de l’arbre. Une autre vision percuta son esprit sans qu’elle ne puisse l’expliquer. Elle secoua la tête avec force comme pour chasser les formes et les couleurs qui emplissaient son esprit. Cependant son imagination commençait à délirer fortement ce qui ne lui plaisait guère. Qu’elle les ferme ou qu’elle les ouvre, ses yeux lui présentaient toujours le même tableau en rouge et noir, celui d’un bras laissant échapper le flot d’un sang sombre se mêlant à la terre. Le corps de la jeune fille se raidit. Elle ressentait à présent la visquosité du sang sur sa peau, comme si l’on avait insisé sa propre chair. Remontant par reflex la manche de son avant bras droit, elle frissonna à nouveau. Qu’elle était cette nouvelle forme de sentiments qu’elle ne maîtrisait pas ? Reculant de quelques pas en s’écartant du corps de l’arbre, elle attendait en silence, priant en pensées pour que cesses ces visions éphémères et inexplicables.
Une sorte de raclement résonna dans la cour encore déserte. Tous ses sens étaient tournés vers ce qui restait du vieux hêtre. Plus de flashs, plus d’images soudaines. Tout cela avait dû être le simple fruit de son imagination, et elle ferait mieux à l’avenir d’arrêter de la solliciter si souvent si elle ne voulait plus que celle-ci lui joue à nouveau de pareils tours. Sans comprendre clairement les moindres détails de ce qui se passa ensuite, elle entendit un bruit fluide, aperçu l’écorce du tronc se fendre comme un cylindre que l’on aurait coupé en biais avec précision et une partie de l’écorce s’affala au sol dans un bruit étouffée par la sciure qui y gisait toujours. Là, à l’intérieur de l’écorce, adossé au tronc, la tête baissée ; un homme. Une petite boule de poils d’un noir d’encre ornait ses cheveux et Aysh n’eut pas besoin de beaucoup de temps pour reconnaître le petit chat qu’elle avait souvent croisé dans la cour ces temps ci, et avec lequel elle avait partagé quelques instants complices. Un miaulement discret sembla accueillir les premiers mouvements de l’homme qui s’écarta du tronc de l’arbre. Derrière lui, traçant un fin sillon au sol au fur et à mesure de ses pas, une lame sombre et courbe qu’il tenait de sa main gauche le suivait.
La caresse qu’il offrit au petit chat offrit au regard de la jeune fille la vue d’un avant bras maculé d’un sang sombre. Le visage d’Ayshan restait de marbre mais son pouls s’accéléra légèrement. Son imagination n’avait sûrement pas pu lire à elle seule les lignes de l’écorce et cette impression de déjà vu lui posait comme un poids dans la gorge. La silhouette sombre et drapée de noire qu’elle avait cru apercevoir quelques instants auparavant, lorsqu’elle était encore en contact avec le corps vivant du hêtre avait-elle un rapport quelconque avec cet homme qui se dressait maintenant devant elle ? Cela était à la fois si probable et si dur à croire… La voix masculine perça le silence qui les entourait pour saluer à son tour le petit animal. Il semblait le connaître depuis bien longtemps et le chat n’avait en rien l’air de le craindre.
Une expression de dégoût passa sur son visage lorsque l’homme se mit à lécher la plaie déjà presque sèche. Depuis une après-midi d’octobre il y a déjà bien longtemps, elle s’était jurée, plus ou moins inconsciemment, que plus jamais le goût du sang n’emplirait à nouveau sa bouche. Lorsqu’il arrivait qu’elle se blesse, un copeau de chair d’amadouvier ou un peu d’eau nettoyait la plaie et elle s’en satisfaisait pleinement. La vision de cette dégustation entraîna une nausée qu’elle réprima avec peine.
Lorsque l’homme reporta son attention sur la jeune fille, ce fut d’un regard serein, comme s’il elle ne lui était pas inconnue, comme si rien de tout ce qui venait de se passer ne lui avait parut étrange. Comme mue par une force plus forte que son esprit, il semblait retrouver peu à peu ses sens lorsque les mots s’échappèrent sans crier gare.
*Dryade ? Qu’entend-t-il par là ? Est-ce que j’ai l’air d’une divinité de la Nature qui passe l’essentiel de sa longue existence à parcourir les forêts? Merde alors…*
L’image de la femme, enroulée d’un drap blanc, collée au cœur d’un chêne traversa son esprit. Les images des rares cours d’histoire qu’elle avait suivit durant son enfance revinrent à son esprit, la faisant sourire doucement. L’homme à l’imposante silhouette ne devait pas avoir pris la peine de baisser son regard sur le corps de la jeune fille. En haut en bas, elle donnait à voir une touffe noire emmêlée qui avait plus de la crinière que de la chevelure, un sweet kaki usé trop grand pour elle qui surmontait un baggy beige tout aussi vieux… A son épaule, le sac de toile pendait toujours, comme inséparable de son corps. La forêt, elle l’aimait. Elle pouvait la parcourir des heures durant… Mais elle n’avait rien d’une nymphe ! Réprimant un sourire, elle répondit d’une voix calme.
- Désolé de te décevoir. J’ai dû grandir trop vite pour ne plus croire aux histoires merveilleuses… et toi, qui es-tu ?
Haut de deux voire de trois têtes de plus que la jeune fille, vêtu d’un simple pantalon de toile noire, l’homme exposait un torse nu ainsi que des bras imposant, dont l’un était recouvert d’une étrange écorce sombre qui devait être taillée dans de l’ébène. Cette vision ne la troubla pas bien que ce fut sans aucun doute la première fois qu’un être aussi grand et étrange se présentait aussi simplement devant elle. En attente d’une réponse, elle offrit un visage souriant. | |
| | | Madreaper ° Surveillant °
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| Sujet: Re: hêtre ou ne pas être ? Lun 20 Aoû - 9:07 | |
| Les doigts de Kichi se relâchèrent, laissant tomber sa faux au sol. Il soupira.
"Rien qu'un surveillant affamé et éreinté..."
Tout en parlant, il s'approcha de la jeune fille, tandis que sa faux se transformait imperceptiblement en un humus friable. Il se déplaçait lentement, avant même d'arriver devant elle, il posa deux doigts griffus sur son poignet et les fit remonter le long de sa plaie, étalant sur leur passage un baume cicatrisant.
"Mais je manque à tous les préceptes de la bienséance"
À deux pas du visage souriant qui lui faisait face, il s'arrêta et attrapa Rebon par la peau du cou. Il s'inclina profondément, plaça son couvre-chef au niveau du coeur et salua Ayshan :
"Je me nomme Kichi Gaijin."
Kichi se redressa, inclina la tête d’un côté puis de l’autre, faisant craquer bruyamment ses cervicales et reposa le chaton où il l’avait pris. Prenant une expression digne, il s'adressa à son interlocutrice avec un léger sourire.
"Pardonne ma méprise, mais peut-être qu'en mettant un nom sur ces traits ravissants, j'arriverais à ne plus les confondre avec les merveilles qui hante les rêveries d'un gosse qui refuse d'abandonner ses chimères malgré son âge."
Croisant les bras, il soutint son coude droit dans le creux de sa main gauche et posa la main droite au dessus de son coude gauche. En attendant une réaction de sa part, Kichi s'absorba dans la contemplation des motifs qui se dessinaient dans l'iris droit de la demoiselle. | |
| | | Ayshan
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| Sujet: Re: hêtre ou ne pas être ? Lun 20 Aoû - 16:37 | |
| Le jeune homme avançait vers elle tout en se présentant. Il laissa tomber au sol la faux dont la lame ambrée refléta un instant les rayons de soleil avant de se réduire en poussière.
*Surveillant? Mais oui... j'aurais dû m'en douter. Il est, sans aucun doute possible, plus âgé que moi. Pourtant l'idée ne m'avait pas effleurée. Mon esprit était ailleurs, plus concentré sur les événements que sur son apparence.*
Ereinté? Affamé? La sève de l'arbre n'avait dû servir qu'à maintenir son esprit en vie et la séparation brutale dont elle avait été l'auteur l'avait sûrement affaibli d'avantage. Il s'avançait toujours, tout en continuant à parler. Elle se demanda avec une touche d'humour s'il allait s'arrêter avant de la percuter. Elle s'efforçait d'en rire mais elle détestait la proximité. Lorsqu'il s'arrêta enfin, elle ne pu s'empêcher de reculer d'un pas, machinalement. L'observant un peu plus en détail, elle laissa libre cours à ses pensées...
*Des cheveux d'un blanc presque lumineux... un oeil...manquant. Une cape sombre entourée autour de son bras gauche... qu'est-ce qu'un surveillant pouvait fiche dans un tronc d'arbre? C'est un boulot aussi pourri que ça?*
Elle sourit en le voyant baisser son couvre chef pour la saluer. Il y avait une certaine théâtralité dans cette présentation et elle ne pu empêcher le souvenir de ses années de vadrouille la submerger. Elle se revoyait aux côtés de Yun, improvisant par-ci par-là pour gagner de quoi grignoter le soir. Une lueur éclaira son visage. Sans la moindre intention de moquerie, elle répondit d'une étrange révérence et ajouta d'une voix théâtrale :
-Ravie de faire votre connaissance Monsieur Gaijin!
Elle sourit de plus belle en l'entendant se qualifier de gosse trop rêveur. Elle appréciait bien trop le monde de l'imaginaire pour lui donner raison mais elle avait appris depuis trop longtemps déjà à séparer les rêves de la réalité, en société du moins. Or jouer les dryades devant un inconnu ne l'inspirait pas le moins du monde et elle hésita à lui jeter un regard noir lorsqu'il parla le plus naturellement du monde de ses "traits ravissants". Reprenant sa voix habituelle, elle souffla d'un coup sur un mèche noire qui venait de se mettre en travers de son visage pour la remettre en place.
-Moi c'est Ayshan.
Ce n'était pas un prénom mythologique et il n'aurait pas besoin de son nom de famille pour se persuader de sa qualité d'humaine. Non qu'elle veuille définitivement mettre une croix sur ce qui la rattachait encore à sa famille, mais il n'avait aucun intérêt à le connaître. Il fixait à présent son regard de son oeil unique et elle tourna la tête pour couper ce contact intrusif. Ses yeux se posèrent sur le petit chat noir non loin de là et le sourire s'invita à nouveau parmi les traits de son visage.
-J'espère que tu ne m'en veux pas trop de t'avoir arraché à ton arbre...
L'excuse était implicite, les regrets sincères. Il ne lui avait rien demandé - hormis le fait qu'il avait essayé de l'écraser - et à sa place, elle aurait sûrement préféré qu'on la laisse tranquille.
-Par simple curosité, je peux savoir ce qu'un surveillant pouvait bien trouver à faire incrusté dans un arbre?
Se souvenant des premiers mots de Kichi, elle impliqua une légère rotation à son poignet droit, présentant sa paume vers le ciel. Comme venue de nulle part, une pluie de fruits secs divers vint emplir le creux de sa main qu'elle présenta au jeune homme.
-Toujours affamé? | |
| | | Madreaper ° Surveillant °
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| Sujet: Re: hêtre ou ne pas être ? Lun 20 Aoû - 18:51 | |
| Avant même qu'il pu répondre, le ventre de Kichi émis un profond gargouillis. Kichi ne cilla pas et répondit d'un ton neutre comme si rien ne s'était passé.
"Pense-tu, une légère fringale tout au plus ! Mais une telle manne offerte avec un si joli sourire ne saurait se refuser."
Saisissant une amande au creux de sa main, il la porta à sa bouche pour la manger. Elle regrettait réellement de l'avoir arraché à l'arbre, il en était certain... Non, c'était plus que ça, il l'avait ressenti, avec une empathie plus forte qu'il n'en avait jamais eue, même avec Rebon. Cela l'intriguait mais il avait les idées encore confuses sur ce qui s'était passé et n'avait aucune envie d'y repenser, du moins pour l'instant. Il préféra détourner la conversation.
"Bienveillante envers les arbres et capable de contrôler la nature, tu tiens décidément plus de la dryade que d'une lycéenne... Qui sait ? Les dryades n'étaient peut être que des élémentalistes comme nous, enfin surtout comme toi, eût égard à leur féminité."
Une question lui vint soudain à l'esprit, les arbres et les plantes autours de lui semblaient bizarres, quelque chose clochait, ils étaient différents de son souvenir, il en était sûr. Attrapant une noisette dans la main de la jeune fille, il l'avala et lui demanda de but en blanc :
"Au fait, Ayshan... Quel jour on est ?"
De son côté, Rebon s'était endormi d'un sommeil paisible. | |
| | | Ayshan
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| Sujet: Re: hêtre ou ne pas être ? Mar 21 Aoû - 11:33 | |
| Le gargouilli qu'émit le ventre de son interlocuteur le trahit avant même qu'il eut le temps d'ouvrir la bouche pour esquisser un semblant de réponse. De sa main droite, il attrapa une amande qu'il porta à ses lèvres. Observant Kichi en silence, ses pensées continuaient à fleurir et à couvrir le champ de son esprit...
*Paradoxe étrange... une apparence très simple, naturel, sans prétention, et pourtant tant de... classe? Ses gestes semblent calculés et ses paroles aussi, il joue avec les mots comme un violoniste avec les cordes de son instrument. Ses phrases glissent dans l'air comme une mélodie.*
Elle ne se sentait pas mal pour autant, ils n'avaient simplement pas été fondus dans le même moule. Leur nature commune les rapprochait pourtant bien que leurs apparences diffèrent, ainsi que leurs attitudes.
-Les dryades n'étaient peut-être effectivement que de simples élémentaristes... Mais dans la catégorie des clichés, il serait grand tant que je trouve une plante capable de me garder en vie plusieurs siècles ainsi que quelques vers à soie pour en adopter le costume... Une dryade avec des cheveux emmélés et un baggy, ça casse un peu le mythe...
Le regard du jeune homme fit rapidement le tour de la cour avant de se reposer dans la paume d'Ayshan pour y saisir une noisette.
-Le 21 août... 2007, si l'année t'interesse également. Je ne t'ai jamais vu auparavant et pourtant cela fait plus d'un an que je suis arrivée. Dois-je en déduire que tu es resté en symbiose avec l'arbre aussi longtemps?
Se rappelant ses propres paroles, elle ajouta...
-Tu n'as d'ailleurs pas répondu à ma question, mais peut-être n'en as-tu simplement pas envie. | |
| | | Madreaper ° Surveillant °
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| Sujet: Re: hêtre ou ne pas être ? Mer 22 Aoû - 5:54 | |
| Ça faisait donc presque 4 mois...Il faudrait qu'il s'arrange avec la directrice pour ce congé prolongé sans préavis...
"Ah oui, hélas, tu as tout compris, je n'ai pas envie que ça se sache..."
Il baissa les yeux vers le sol, d'un air triste.
"Tu as percé mon mystère, le secret de ma jeunesse éternelle... Quelques années en stase dans un arbre et je retrouve le corps de mes vingt ans."
Il releva légèrement la tête, et poursuivit d'un air rêveur, le regard perdu dans les nuages éparses du ciel estival.
"Je n'ai pas toujours vécu au Japon, tu sais. La voile qui m'a apporté sur ces côtes battait les couleurs chinoises, j'avais traversé le désert de Gobi à pied pour y embarquer. Après avoir arpenté les montagnes du Népal et m'être perdu dans les jungles d'Inde Occidentale où j'avais accosté sur un frêle esquif descendant le Golfe Persique. Avant cela je parcourais l'Empire Ottoman sur un pur-sang arabe à la robe blanche. J’avais descendu le Danube depuis la Forêt Noire germanique dans une simple barque qui fendit les flots de la Mer Noire pour y arriver. Les forêts de conifères qui bordaient la Baltique étaient calmes à l'époque et j'y ai séjourné quelques temps. C'est sous le chaud soleil scandinave que j'ai cultivé mon teint hâlé et certain prétendaient parfois dans mon dos que j'avais cédé mon oeil aux corbeaux pour pouvoir surveiller le monde. J'avais remonté l'Europe avant de m'y installer, et je me souviens encore du temps où je vivais à l'ombre des bois du Péloponnèse. J'y ai connu une fille à qui tu ressembles beaucoup."
Sans se départir de son air rêveur, il reporta son attention sur la jeune fille, plongeant son regard dans ses yeux dès qu'elle lui en laissait l'occasion.
"Elle portait toujours une toge de lin assez courte, elle n'aimait pas les vêtements qui entravaient ses mouvements... C'était bien avant que les Romains ne ramènent la soie d'Orient, je ne crois même pas que nous avions déjà colonisé l'Italie, mais je ne me suis jamais vraiment intéressé à la politique; pas plus maintenant que quand j'étais en Grèce..."
Haussant les épaules, il secoua légèrement la tête avant de continuer.
"D'ailleurs je ne crois pas qu'elle en aurait porté de toute façon, elle lui aurait paru trop fragile et précieuse pour supporter l'insouciance dont elle faisait preuve. Elle se coiffait parfois mais n'y prêtait jamais grande importance, moi non plus du reste, avec sa longue chevelure sombre et désordonnée elle paraissait aussi sauvage que la nature qui nous entourait, et ne faisait jamais tâche dans ce tableau. La première fois que je l'ai rencontrée elle pleurait à genoux devant un lys blanc au détour d'un arbre. La plante avait été piétinée, sans doute par un chasseur de passage, et se présentait dans un piteux état. Elle avait les mains en coupe posées sur le sol, autours de la tige, qui commençait à se redresser lentement, obéissant à sa volonté. J'avais du faire un bruit, car soudain elle s'était arrêtée et avait tourné vers moi ses yeux humides où se mêlait un soupçon de crainte à son écrasante tristesse. Elle se leva vivement et s'éloigna de quelques pas, laissant son ouvrage inachevé, elle m'observait d'un oeil inquiet par delà le tronc d'un arbre derrière lequel elle essayait de se protéger. Je m'accroupis, posant un genou à terre là où elle se tenait quelques minutes plus tôt, et je saisis la corolle blanche de la fleur entre mes doigts. Je la soulevais délicatement, la réparant par la même occasion."
Comme il disait cela, sa main droite lâcha son bras et il la leva lentement, révélant un lys immaculé qui reposait sur sa paume, puis pencha légèrement sa main pour l'offrir aux caprices du vent.
"Voyant cela, son visage s'était illuminé, elle est sortie de sa cachette, a incliné la tête en me remerciant chaleureusement, puis a disparu dans les bois avant que je n'ai eu le temps de me relever. J'avais établi un bivouac dans une clairière non loin de là, elle m'y aborda quelques jours plus tard avec un grand sourire. Nous fîmes connaissance, et elle me rendit visite régulièrement. Elle avait tes yeux, elle se montrait toujours rayonnante et enjouée, je me demandais parfois si son insouciance ne dissimulait pas une amertume plus profonde, dans ces moments j'aurais aimé qu'elle se confie à moi, mais je n'osais pas lui en parler..."
Son expression se fit plus sérieuse et son regard se teinta de mélancolie. Il plaça sa main gauche sous la main droite de la jeune fille, perpendiculairement à son bras, effleurant à peine le dos de la main de sa paume ouverte. Dans le même geste, il amena sa main droite en coupe tournée vers le sol au dessus de celle qu'elle lui tendait, et posa délicatement le bout de ses doigts sur la paume d'Ayshan, entre son poignet et les fruits qui s'y amassaient. Les doigts d'Ayshan touchait également sa paume et l'oeil de Kichi fixait toujours son visage. | |
| | | Ayshan
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| Sujet: Re: hêtre ou ne pas être ? Jeu 23 Aoû - 1:49 | |
| Elle l’écoutait silencieusement, d’une oreille et d’un regard attentifs. Il lui fallait pour cela croiser de temps à autres celui du surveillant mais ces ponctuations, dont elle n’avait pourtant pas l’habitude, ne la gênaient finalement pas tant qu’elle aurait pu le croire. Elle avait l’étrange impression de le connaître depuis longtemps bien que son apparence ainsi que le récit de son histoire lui soient totalement inconnus. Pourquoi donc se confiait-il aussi simplement à elle, sans retenue, de manière si confiante, si sincère… ? C’en était presque troublant. Le secret de sa « jeunesse éternelle » ? Il le lui avait dévoilé en quelques mots, ajoutant en baissant le regard qu’il ne tenait pas à ce qu’il se propage. Il aurait pu lui mentir, trouver un autre prétexte à son alliance à l’arbre, taire ce qu’il ne voulait ébruiter… Il n’en avait rien fait.
*Soit sans crainte… Je n’ai aucun intérêt à divulguer un tel secret, pour le simple fait que je souhaite mourir le jour où mon heure sera venue.*
Elle n’en dit rien, laissant le jeune homme libérer le flot de parole qui semblait jaillir de ses lèvres comme une eau coule de sa source. Le récit de sa vie était vaste. Il aurait pu être celui d’un menteur vantard et vaniteux mais il n’en était rien, elle le savait. Elle restait pourtant de marbre, ne semblant pas plus étonnée que s’il lui avait annoncé de but en blanc qu’il était le meilleur élémentariste de tous les temps. Elle ne trouvait rien de méritoire dans le fait d’avoir vécu tant de choses, puisque le temps avait été à la mesure des évènements. Certes, il avait vu et vécu plus que quiconque mais il avait changé les règles du jeu. Si ce sentiment de confiance inébranlable qui l’habitait à ce moment précis n’avait pas été, elle l’aurait sûrement qualifié de fraudeur en pensées.
Alors qu’elle regardait le lys s’éloigner, emporté par le vent, un sourire discret naquit sur son visage et accompagna les dernières bribes du récit du jeune homme.
-Tant de silences s’éclairciraient si l’on savait y mettre les mots justes et pourtant, qu’il est plus simple de se taire…
Elle était trop bien placée pour le savoir, elle-même trop souvent incapable de trouver les mots, ou le simple courage de parler. Combien de fois s’était-elle murée dans un silence sans nom, fuyant les confrontations, les dialogues, les rencontres… La source de paroles du surveillant semblait s’être tarie pour un temps. Confidences improbables. Un surveillant qui offre un récit de vie à une adolescente sauvage, la scène semblait presque irréelle et pourtant. Nul besoin de se pincer pour savoir que cela n’était pas un rêve. La chaleur du soleil sur sa peau, les amandes au creux de sa main, les gazouillis d’oiseaux qui peuplaient les arbres de la cour…
Alors qu’elle aurait retiré brusquement sa main dans n’importe quelle autre situation, elle se contenta de baisser le regard sur ces trois paumes rassemblées en une curieuse pyramide. Elle haussa un sourcil surpris lorsque les fruits secs qui emplissaient le creux de sa main s’évaporèrent sans crier gare mais elle ne bougea pas pour autant, conservant sa main tournée vers le ciel et, accessoirement, vers la paume du surveillant. Si quelqu’un avait pénétré à ce moment précis dans la cour, il n’aurait sûrement pas saisit le sens de cette situation insolite. Qu’importait, finalement, puisque elle-même ne se reconnaissait plus…
D’une voix calme, presque chantante, elle prit la parole à son tour.
-Je ne sais pourquoi je reste là. Mais bizarrement je crois que tu me comprends. Je n’aime pas la présence d’un autre, je ne supporte pas les têtes à têtes insensés où chacun cherche les mots et les attitudes justes. Je hais la bassesse des hommes et leur hypocrisie et pourtant nous sommes tous amenés à nous côtoyer un jour. Ma vie est un théâtre insolite dont je suis actrice malgré moi. Et j’ai fini par apprendre à me faire à ce jeu bien que je ne supporte cette comédie macabre qu’un temps.
Elle regarda les arbres de la cour un à un. Oh, combien elle aimait ces feuillages enivrants, combien elle aimait entendre le bruit du vent courir le long des branches… il était inutile de le dire, il le savait. On pouvait le lire dans ses yeux.
-Pourtant, être là aujourd’hui à tes côtés et sentir la présence d’un soi-disant inconnu qui me parait si familier ne me trouble plus. Comment ton passé pourrait-il modifier mon présent ?
Fidèle, tout de même, au réflexes de son corps, elle retira délicatement sa main d’entres celles du jeune homme pour la ramener près de son corps, comme pour signifier qu’elle avait fini de parler. Pour une jeune fille sauvage, elle en avait sûrement déjà trop dit. | |
| | | Madreaper ° Surveillant °
Nombre de messages : 37 Age : 43 Age Virtuel : 25 ans Arme : ma faux ténébreuse à la lame d'ambre noire Date d'inscription : 23/01/2007
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| Sujet: Re: hêtre ou ne pas être ? Jeu 23 Aoû - 11:49 | |
| Alors qu'il s'apprêtait à lui demander s'il pouvait prendre le reste des fruits secs, ils disparurent subitement. Le choc amplifié par la faim qui le tenaillait le tétanisa, l'empêchant de répondre à la jeune fille ou même d'esquisser un mouvement.
*Noooooooooooooon !!! Mes fruits secs !!!*
Il faisait à peine attention à ce qu'elle disait. Les réponses venaient dans sa tête machinalement sans qu'il puisse les formuler.
"...Mais bizarrement je crois que tu me comprends..." *Non, j'te comprend pas ! Où sont passés mes fruit secs ?!?*
"...Je hais la bassesse des hommes et leur hypocrisie..." *Ah ok... Pas de bras, pas de chocolat; La vérité propre et nette, ou pas d'amandes ni de noisettes...*
"...Et j’ai fini par apprendre à me faire à ce jeu bien que je ne supporte cette comédie macabre qu’un temps..." *Ah, elle a donc bien conscience que je me suis joué d'elle et elle n'apprécie pas du tout...*
"...Pourtant, être là aujourd’hui à tes côtés et sentir la présence d’un soi-disant inconnu qui me parait si familier ne me trouble plus..." *Oups, peut-être pas finalement, et là pour lui avouer que je lui ai menti sans qu'elle le prenne mal, ça va être vraiment coton... Attends, un peu... comment ça "familier" ...?*
"...Comment ton passé pourrait-il modifier mon présent ?" *Bah, il a suffi que mon passé m'amène ici et maintenant pour interagir avec toi... La vrai question par contre, c'est comment ton présent pourrait-t-il modifier mon passé ?*
Car c'est ce qu'il semblait s'être passé. Elle l'avait trouvé familier et cela hantait son esprit au point de lui faire oublier sa faim. Son voyage était parfaitement imaginaire, il le savait bien, mais cette histoire de fille qui lui ressemblait dans la Grèce Antique... En y réfléchissant, même pour lui, les détails de l'histoire lui étaient venu presque trop facilement... Un souvenir commun d'une vie antérieure ? C'était ridicule !
Elle avait retirer sa main, s'il ne réagissait pas, il finirait par gober les mouches. S'il voulait en savoir plus, mieux valait sans doute ne pas révéler la vérité...
"Je n'aurais jamais cru paraître familier à quelqu'un qui ne me connaît pas. Allons marcher, j'ai besoin de me laver les mains. Alors comme ça, je suis dans les rêves que tu essayais d'oublier en grandissant ?"
Cette idée le fit sourire comme il se dirigeait vers un tuyau d'arrosage. Il ne vérifia pas qu'elle le suivait, si elle ne le faisait pas, c'est qu'elle n'avait plus envie de lui parler. Ils pourraient toujours reprendre cette discussion un autre jour, quand il aurait le ventre plein par exemple. | |
| | | Ayshan
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| Sujet: Re: hêtre ou ne pas être ? Sam 25 Aoû - 0:19 | |
| Le flot de paroles qui était sortit de sa bouche sans qu'elle le régule consciemment s'était à présent tarit. Elle avait bien senti que le jeune surveillant ne l'avait écouté que d'une oreille distraite mais cela n'avait pas parut la troubler, elle en avait certainement l'habitude. Celui-là n'était finalement peut-être pas aussi différent des autres qu'elle n'avait pu le croire. *Et puis après tout, qu'elle importance?*Encore une fois, elle se confortait dans l'idée qu'elle avait toujours eu raison, que les arbres savaient écouter et comprendre mieux que quiconque. Cette rencontre aurait au moins apporter une confirmation supplémentaire à ses pensées.*A toujours chercher cette personne qui sortira de l'ordinaire, qui te comprendra, tu finis par te faire des idées. A trop rêver, on ne peut qu'être déçu. Tu n'as aucun intéret à lui offrir les excuses d'une soit-disante familiarité. Que veulent dire ces images qui se sont imposées à ton esprit? Tu n'en sais rien. C'est peut-être bien mieux ainsi. Voudrais-tu réellement qu'un lien quelconque vous unisse? S'il ne réside que dans ces quelques flashs éphémères qui te sont apparus, ceux-ci s'espaceront surement avant de disparaître. Son allure t'es inconnue et il n'est surement rien de plus que cet imposteur imbu de lui même dont ton esprit t'avait soufflé quelques mots...*Ceux qui avaient eu l'occasion de la croiser un jour auraient pu reconnaître sans difficulté ce caractère tranchant qu'était le sien. Elle n'avait jamais aimé les longs discours, et encore moins ces situations où elle se sentait aussi fausse qu'inutile.
Lorsqu'il s'éloigna de quelques pas en relançant la conversation, elle n'esquissa pas un geste, profitant encore un instant des rayons de soleil qui réchauffait sa peau. Tournant les pas, elle s'éloigna en silence.Elle consacrerait la fin de la journée ainsi qu'une bonne partie de la nuit à parcourir la forêt qui bordait les ruines, elle avait vraiment envie d'être seule. | |
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