[C'est les vacances pour la plupart des gens, et il semble y avoir une sorte de vent de démotivation de masse, pesante et inexplicable... Ton post est très bon, ne te soucie pas de ça.]
L'image de cette jeune fille assise au pied du chêne centenaire commençait à devenir d'une banalité agaçante. Cheveux noirs volant au vent, son sac posé à ses côtés, elle semblait attendre quelque chose ou quelqu'un. Pourtant, si on l'avait questionné, elle aurait nié la chose, affirmant qu'elle venait ici car c'était un lieu dans lequel elle se sentait bien, rien de plus. Elle même ressentait le poids des sensations de déjà vu qui se bousculaient en elle, mais c'était un poids agréable, une façon de se rappeler qu'elle existait, que tout cela n'était pas un rêve.
* Bon sang mais qu'est-ce que je fous là...*
Ses pensées lui renvoyaient les questions qui habitaient son esprit mais elle n'y cherchait volontairement aucune réponse. Elle sentait l'écorce rugueuse sous ses doigts, entendait le vent siffler dans les branches, ressantait la fraîcheur de la nuit qui tombait lentement.
Elle releva la tête pour observer de probables étoiles mais son regard ne croisa que le feuillage dense de l'arbre. Elle sourit. Se levant doucement, elle esquissa quelques pas feutrés vers l'extrémité du plateau de terre battue pour observer les environs. Le ciel s'était obscurcit sans qu'elle s'en rende compte et la lune brillait d'une clarté impressionnante, apportant aux alentours une allure étrange. L'ardoises des toits qui surplombaient encore quelques vieilles batisses renvoyait la luminosité, créant une sorte de halo blanchâtre sur les ruines.
*C'est magnifique...*
Alors que ses yeux se fondaient tranquillement avec l'horizon, un bruit attira son attention en contrebas. Elle dirigea son regard vers la provenance du son. Elle n'apperçut tout d'abord qu'un petit nuage de poussière accompagné d'un roulement de pierres qui résonna dans la nuit.
Cligant des yeux comme pour y voir plus clair, elle plia les genoux pour mettre une main au sol et se concentrer. Là, entre les ruelles et les toits, une ombre se déplaçait en silence.
Sans réellement savoir pourquoi, Aysh se leva, s'approcha de l'arbre et le salua silencieusement, posa une main sur son sac et descendit le petit escalier de pierre sans un bruit.
*La roche ocre reflète elle aussi la lumière de la lune, quelle nuit envoutante... je me sens bien, me dirigeant sans but précis vers une personne qui, comme moi peut-être, apprécie cette nuit. Qui est-elle?*
Aysh n'avait jamais été d'un naturel très sociable, mais sa curiosité était grande. Elle était capable de suivre une envie, une idée, un instinct... sans se poser plus de question. Bien que ce trait de caractère l'ait menée maintes fois dans des situations délicates, il avait également permis à la jeune fille d'avancer sur le chemin de sa vie à travers de nouvelles rencontres, des épreuves inattendues... Peut-être cette nuit là lui préparait-elle encore une surprise...
Arrivée près de ce qui avait du être jadis une place du village, elle ralentit le pas et observa les alentours plongée dans la pénombre. Les batisses qui se dressaient encore là tombaient en poussière, portes fracassées et pierre friable, bloc de béton par ci et poudre brisées par là. Une fissure impressionnate zébrait un des murs non loin d'elle; on avait dû se battre récemment ici. Relevant les yeux, elle finit le tour d'horizon pour appercevoir, recroqueviée sur elle même, une jeune fille assis sur un bloc de pierre. De ses deux mains, elle supportait une tête qui semblait être lourde, lasse peut-être, perdue surement.
*Tristesse?*
Cette pensée soudaine traversa l'esprit d'Ayshan. Si c'était cela, elle ne serait peu-être pas d'un grand secours à la jeune femme. Dans tous les cas, il n'était plus temps de faire marche arrière, de tourner les talons. Elle s'approcha donc de quelques pas, restant tout de même à une distance respectable. Elle n'aimait pas la proximité des corps.
-Un tête inclinée ne peut pas observer les étoiles, or elles sont particulièrement nombreuses ce soir...
Une phrase d'introduction qui sortait surement de l'ordinaire. Elle aurait pu dire bonsoir, mais quelque chose l'empêchait trop souvent de suivre les conventions. Sa voix était pourtant simple, ni trop forte ni trop douce, mais appelant le dialogue. Paradoxe étrange d'ailleurs, elle qui avait tant de mal à parler à ses semblables...