Chlosseu Invité
| Sujet: †.:: Apocalypse suicidaire de Némésis et d'Anubis ::. † Jeu 15 Mar - 3:29 | |
| * La silhouette fine et légère, drapée de noir, irréelle comme dans un rêve, déposa son empreinte dans le sable de la grande arène. Il mourrait cette nuit. Il en avait décidé ainsi. Ses convictions les plus solides avaient volé en éclats cette nuit, et plus rien ne comptait aux yeux de ce prince ténébreux. Mettre fin à ses jours était la seule solution envisageable. Rester en vie, et traîner le boulet d'une souffrance éternelle, ça jamais! La mort et ses draps de ténèbres le séduisaient bien plus. Tout serait bientôt fini. Il releva sa tête masquée vers le ciel étoilé, voûte céleste brillant de milliers d'astres brûlants. *
* Brûlants, ses yeux l'étaient aussi. De plus, il avait horriblement chaud. Les rayons solaires répercutés par la Lune sur ses vêtements de sacre noirs, ainsi que sur son masque à l'effigie de l'ex-dieu Anubis, le faisaient presque se sentir mal. Mais après tout, tous ses maux prendraient fin si vite... Il n'avait pas le temps de souffrir. La forme humanoïde encapuchonnée releva la capuche noire qui lui voilait le visage, et révéla ainsi aux esprit errants son masque du vieux dieu-chacal. Les yeux étincelants d'une folie tout aussi éphémère que l'aurait été sa vie, il contemplait les étoiles et s'apprêter à élever son âme impure jusqu'à elles afin d'y brûler pour toujours. *
* Nul ne l'aimait ni ne le regretterait. Et il ne pouvait plus aimer personne. La solitude était son passé, son présent et son futur. Elle ne le quitterait jamais, et être accompagné par un grand brasier au milieu des Ombres lui ferait vite oublier ces 20 ans de solitude implacable, peuplés de remords, de regrets et de mauvais souvenirs. Les Parques trancheraient le filin de sa pathétique vie cette nuit, et remporteraient encore la victoire, comme toujours. Cela durait depuis une éternité et cela continuerait encore des siècles et des siècles durant, la Mort l'emporterait toujours sur le reste. Même l'Amour ne l'en préserverait. L'Amour n'était qu'une chimère et il avait cessé de la poursuivre. Jamais il ne l'aurait attrapée de toute manières. Mieux valait en finir. Et vite. *
* L'éclat sanglant des yeux de la fantastique créature augmenta. Rougeoyants, ruisselants de larmes de faiblesse autant que de tristesse, ses yeux exprimaient toute sa douleur. Il enleva calmement son masque et se prépara à la cérémonie qui mettrait fin à son existence. Quand le masque cornu heurta le sable de l'arène, ce fut le commencement de la fin, et la fin du règne du Suprême Prince Némésis. Ses bras, porteurs de douleurs ancestrales, portaient les stigmates de la douleur, comme le prouvaient les nombreuses scarifications qu'il s'y était faites. Le sang perlait encore de plusieurs plaies non cicatrisées. Il était redevenu un humain. Il avait renoncé à son immortalité vampirique, et aussi à ses pouvoirs d'Elémentaliste. Son corps autrefois capable d'une régénération totale et quasi instantanée n'était plus rien d'autre qu'un simple corps humain, tout juste bon à devenir un sacrifice aux morts. *
* Il rejoindrait bientôt ces troupeaux d'immortels. Comment cela se passerait, il n'en savait rien. Il espérait seulement ne pas prendre la mauvaise direction. Et espérait que les voies divines lui seraient ouvertes, malgré que le suicide qu'il s'apprêtait à accomplir, à commettre, soit un des plus graves péchés qui soient. Il ne lui restait que ce petit Espoir. Il avait perdu tous les autres, y compris l'espoir d'aimer un jour une femme qui l'aimerait en retour, et de vivre heureux toute sa vie à son côté dans un monde de perfection... Il aurait pu vivre tout cela, si seulement l'être qu'il cherchait s'était présenté à lui. Il avait bien cru la rencontrer dans la Colline de l'Au-Delà. Mais il semblait que cette personne, quelle qu'elle soit, ne partageait pas ses opinions ni ses douces rêveries, ces doux espoirs qu'il avait si longtemps caressés de la pensée. Elle avait nom Hiroko Miharu. Il avait cru trouver en elle un ange, et ne s'y était pas trompé. Il l'aimait. Encore en ce moment, au bord du gouffre béant du Styx. Mais elle ne l'aimait pas. Et de toutes façons, elle n'était même pas là. Elle ne le sauverait pas. De son âme jaillit un flot de sang et de prières ainsi que de poèmes d'amour inintelligibles lorsqu'une larme transcendantale coula le long de sa joue de peau claire. *
* Il devait se résoudre à disparaître. Cela valait mieux pour tout le monde. La Cérémonie commencerait bientôt. Mais afin de s'infliger la grande Blessure, celle qui le tuerait définitivement, son corps devait être exempt d'autres cicatrices. Quatre brasiers déchaînaient leurs flammes intenses aux quatre points cardinaux, élevés dans les gradins. Il alla à celui du Nord et alluma une première torche de bois. Puis en alluma trois autres de la même manière à l'aide des brasiers restants, et planta les torches au complet dans le sable au centre de l'arène. Il prit ensuite un couteau dans la poche de sa chasuble noire, et en trempa la lame avide de sang dans les flammes qui découlaient sur elle. Quand la lame fut chauffée à blanc de manière suffisante, qu'il ne la tenait dans sa main gauche qu'à grand-peine, il s'administra des douleurs supplémentaires en cautérisant les plaies de son bras droit, puis changea de main et cautérisa celles du bras gauche, aussi nommé bras du diable. Des bagues métalliques ainsi que des colliers de même style ornaient ses doigts et son cou. Il les jeta sans un regret dans le feu qu'il avait laissé prendre par les torches entre elles. Le métal froid fondit bientôt en partie, terrassé par la vive chaleur dégagée par les flammes. Plus aucun artifice ne l'apparait désormais. *
* Il se dévêtit ensuite de sa chasuble noire et de sa cape encapuchonnée, puis de ses vêtements rituels, et enfila en leur lieu et place un habit d'une noirceur bien plus violente encore. Pour son baptême de la mort, cette robe masculine d'apparat lui seyait à ravir. Aussi fine et douce qu'une cape. Enveloppant son corps telle une combinaison. Comme une seconde peau, cette toge, cette robe noire se mariait avec élégance à l'initiale peau blanchâtre. Macabre était la vision de ses bras; il avait laissé retombé le poignard depuis quelques temps déjà, et ses bras reluisaient et laissaient échapper une âcre fumée là où ils avaient subi une brûlure, mais les blessures n'étaient plus visibles, dissimulées par cette peau abîmée, meurtrie. La douleur s'achèverait d'elle-même dans un grand festival, grâce à son maléfice le plus puissant. *
* Il avait payé de son immortalité. Le sang du Prince avait coulé. Il avait payé de toute la puissance de sa magie. Le terrible magicien des Ombres avait offert tout cela aux entités démoniaques, en échange de quoi il aurait la capacité de déclencher une Apocalypse sur une zone voulue. Apocalypse. Le sort magique maudit, le plus puissant qui soit. Damnés furent tous ceux qui l'employèrent. Mais cela, le pauvre jeune homme n'en savait rien, sans quoi il n'espérerait pas trouver le repos éternel grâce à lui. Il deviendrait le réceptacle d'Anubis. La pseudo-divinité retournerait à l'état vivant et se trouverait en état de grâce quelques secondes, temps nécessaire à l'activation de la magie de destruction finale. Seth lui aussi viendrait. Et commanditerait dans l'ombre ce suicide. Finalement revêtu de son dernier habit, le grand Prince noir se dirigea vers l'autel ancestral situé au beau milieu des gradins, pour le dernier acte de la tragédie de Némésis.*
* La pierre était blanche, et lisse. L'homme passa sa main dessus, et ressentit de la douceur au contact de cette pierre. Cela serait une des dernières choses qu'il toucherait sur cette Terre. Il regarda alentour, puis se mit à fixer le feu qui brûlait au centre de l'arène. Et la Cérémonie Finale débuta. *
" Investis-moi, Anubis. Lave-moi de mes péchés, car la faute a été mienne. Purifie ce corps que je t'offre. Donne-moi seulement la force de disparaître. Dispose de mon corps comme tu l'entends. Je ne peux exiger, uniquement que tu fasses disparaître mon corps et toute cette unité qui est mienne. Efface-moi des souvenirs des autres, qu'ils m'oublient. Quand mon sang se fera tien, fais couler le sang misérable que je t'offre, purifie-le, et accompagne mon âme aux cieux. Que l'Ânkh me guide. Offre-moi gloire, puissance et repos éternel par ta venue. Je t'ai concédé et délégué l'ensemble de mes pouvoirs. Que le divin contrat s'accomplisse, et que la fin soit mienne. Je veux nager dans le Styx. Maintenant, Anubis. Exauce le voeu de ton hôte! "
* Les derniers ordres et sentences prononcés, l'ex-dieu commença sa tâche. L'impie le rappellait à lui et la prophétie antique se réalisait. L'Apocalypse se déclencherait sur cet homme et lui seul. Il endosserait toute cette douleur. Seul. Se doutait-il de ce qui l'attendait? Le véritable Anubis prenait presque en pitié l'humain qui venait de lui commander indirectement un malheur pour toujours. Mais il devait accomplir sa tâche. Et puisque ce corps devait être sien, qu'il le soit! La transition des âmes commença, et bientôt le vieux dieu-animal sourit. Et ses lèvres étaient celles de Némésis. Il se mit à déclamer les ordres incantatoires, et à en appeller aux seules forces qui lui étaient supérieures. L'invocation apocalyptique se déroula à merveille. Bientôt, un amoncellement de sorts immensément destructeurs prendrait forme au-dessus de cette maudite arène, qui serait la dernière demeure du guerrier magicien. Anubis quitta le corps précédemment investi pour s'en retourner aux portes du royaume des Morts, et le corps de Némésis s'affala au sol tandis que les préludes de l'immense sortilège se faisaient ressentir. *
* La puissance était terrible. Il pouvait la ressentir. Le dénouement serait bref. Le vent s'était levé et la noire chevelure de Némésis flottait derrière lui tandis qu'il se relevait pour vivre les derniers instants de sa triste vie. Il constata avec amertume que sa boucle d'oreille préférée, munie de deux chaînes retombant élégamment sur son épaule, avait disparu. Il étouffa un ultime sanglot en repensant à ses plus chers compagnons. Son cher Dopple Gänger Yros. La prêtresse de la Nature Natsume O'ochi, si calme au milieu des défunts. Son apprentie Evangeline. Sa victime malheureuse Ren. Et au commencement de ce Big Bang, il parla d'une voix claire et énonça ses dernières pensées. *
" Pardon à tous. Je tenais plus à vous qu'à moi, mais je me suis rendu compte à quel point j'étais un fardeau pour vous. Aujourd'hui, je vous quitte. Bien que j'aie fait le voeu contraire précédemment cette soirée... J'aurais tant voulu que vous ne m'oubliiez pas! Je vous ai tous chéris comme mes frères et mes soeurs. Même l'Amour m'est venu. Je vous remercie tous d'avoir été là pour moi dans cette vie que j'ai menée en grande partie à vos côtés. Soyez heureux, Natsume, Yros, Eva, et finalement... Hiroko... "* Ce nom qu'il trouvait si joli fut le dernier qu'il prononça. Le déchaînement des fureurs divines s'abbatit sur lui. Le sort avait pris la forme d'un gigantesque amas de magie. Cela ressemblait à de la foudre informe de couleur grise brillante comme du chrome. Aucun bourdonnement ne se faisait entendre. Il avança lentements jusqu'au centre de l'arène. Et l'Apocalypse tomba. Dans un ultime sourire, il repensa à ces êtres si chers pour lui. Il ne souhaitait que leur bonheur dans leur vie future. Mais il ne verrait jamais cela. La Mort le frappa de sa faux au visage. *
* La déflagration fut monstrueuse. Un éclat lumineux d'une intensité absolument inimaginable. Un feu d'artifice polychromatique d'une puissance insoupçonnée et insensée. La lumière blanche l'écrasa de toute sa force. Toutes les particules de l'endroit furent pulvérisées et renvoyées au néant originel. La fin fut courte. Un trou béant s'était formé dans la terre et le sable de l'arène. Tout avait été réduit en miettes. L'oeuvre commandée avait été accomplie dans le malheur. Le sort magique s'était volatilisé. Le corps de Némésis gisait au fond de ce trou immensément profond. Son visage paraissait enfin serein. Et les petits oiseaux, déployant leurs ailes pour leur premier vol, purent apercevoir en pépiant gaiement, couler sur le visage de Némésis une nouvelle larme, ainsi qu'un sourire dénotant et marquant la renaissance d'un être fabuleux. A moins que les oiseaux n'aient que rêvé cette scène et que le visage n'ait exprimé aucune émotion. Cela aussi était plausible. Il convient à ceux à qui l'histoire est contée de choisir la version qui les satisfait. *
THE END.[ Ce Sujet est réservé à Hiroko, Natsume O'ochi et Yros. Seuls eux trois peuvent répondre à ce sujet. Si l'envie leur en prend. ^__^ ] [ Que l'on se rassure, je reste sur Spirit, ce post ne me sert pas à le quitter comme Hiroko avait tenté de le faire avant d'être vaillament secourue. Quand à ma santé mentale, elle va très bien, merci. Et je ne ferai pas la même chose que mon personnage, rassurez-vous. ] Par Némésis. |
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